dimanche 27 novembre 2011

Compilation Tip-Toe #4





Quatrième compilation, quatrième occasion pour nous de vous montrer que la scène musicale actuelle est loin d'avoir dit son dernier mot. Dans un contexte de crise et de prise de risque de plus en plus minime dans les salles de concert, des passionnés prennent les instruments et se battent quotidiennement pour exister et pour partager leurs créations. Tip-Toe offre donc la possibilité d'une certaine visibilité, de plus en plus grande, qui est possible grâce à vous qui nous accordez une confiance, naissante certes, mais déjà là.

Dans cette quatrième mine de découvertes, les Jesus Christ Fashion Barbe représentent l'hexagone, et c'est à peine démesuré finalement. Voyez plutôt: fondés il n'y a même pas 2 ans, le trio a déjà fait résonné les accents "Lo-Folk n'Roll" de sa pop dans de nombreux festivals tels que les Vieilles Charrues ou Beauregard et s'apprête à briller aux Transmusicales 2011 mais aussi lors des sélections du Printemps de Bourges 2012, et plus si affinités. Il y aura affinités et pas qu'avec un simple jury..on parie?

C'est pas parce que les Espagnols sont passés à droite qu'ils sont foutus. Ou plutôt, pas tous. Le duo (trio à la scène) Chinese Christmas Cards montre que tout n'est pas perdu dans un pays où les groupes, pullulant pourtant face à un taux de chômage record, connaissent des difficultés à s'exporter. C'est donc sur le solide et excellent label espagnol Mushroom Pillow dans lequel Polock ou les oubliés Sunday Drivers s'épanouissent, qu'ils ont trouvé refuge et qu'ils sortent leur premier EP, Barcelona. Un peu de soleil donc en hiver pour des labels français qui ne devraient plus tarder à tomber sous le charme comme on l'a été et qu'on l'est encore au fil des écoutes.

Les Starlight Girls n'ont pas encore traversé l'Atlantique qu'elles nous intriguent déjà. Pas besoin d'une confirmation live pour savoir que ce duo féminin de Brooklyn peut aller loin. Pour preuve, pas moins de quarante concerts sont prévus d'ici à fin Mars à travers toute l'Amérique du Nord. Ambitieux mais il faut reconnaitre qu'elles ont vu juste: aidées par un bassiste et un guitariste, elles entretiennent un rock psyché à la fois mystique et mélodieux, reposant sur une chanteuse à la voix envoutante. Leur premier EP sort en Janvier et, signe qu'elles ont tout compris, il vous est proposé de payer la somme que vous désirez. Et si l'avenir de la musique ne reposait plus que sur une quasi indépendance de l'auditeur...?

Restons chez l'Oncle Sam pour vous faire découvrir un quintet, Tammar, dont l'album, Visits, est sorti le 20 Septembre dernier. Un florilège d'expérimentations habitées et sincères, dont est extraite The Last Line, single déchirant et même envoutant par moments lorsque la voix du chanteur rappelle les meilleurs heures de la new wave anglaise.
Ils ont le même faible nombre de fans sur facebook et partagent donc la même injuste sous-médiatisation: je parle ici de League. Sous ce nom se cachent 2 anglais, Jorge Ribeiro et José Tornada, exilés à Los Angeles, dont le nouvel EP, How Do I Know, a remué la blogosphère. Et pour cause: on retrouve ici le même problème que lors de l'éclosion du duo MGMT à propos du style musical et de la fameuse étiquette à leur coller. Beaucoup de points communs qui sont loin d'être une coïncidence.

Enfin, pour finir, 2 groupes dont la légèreté de leur pop ne fait jamais de mal. Enfin, groupes sur scène puisque le premier, Ski Lodge, est sur album un seul homme, Andrew Marr. I Would Die To Be, sa patte dans notre compilation, résume assez bien l'univers du projet, né en Mai 2011 et qui a déjà accouché d'un EP en Septembre dernier.
Guitares enjouées et voix innocente font aussi la recette magique de la surprise dénommée Strange Shapes. Il a suffit aux Américains de 2 titres, dont le coloré Slow Sound présent sur notre 4ème compilation, pour convaincre. N'attendez pas qu'ils prennent l'avion pour aller à leur rencontre et on ne vous en dira d'ailleurs pas plus pour ne pas gâcher la surprise!

Ajoutez l'électro des Soft Metals dont la réputation n'est plus à faire ou encore la fraicheur de De La Montana, qui nous feront le plaisir et l'honneur de venir jouer à Lille courant Janvier au passage, et vous obtiendrez cette quatrième compilation Tip-Toe téléchargeable gratuitement et légalement!


jeudi 21 juillet 2011

Live report : Main Square Festival 2 & 3/07/11

On ne va remettre des tartines d'historique concernant le festival arrageois au passé controversé et tumultueux. A force de pousser le loup (la multinationale Live Nation ) dans la bergerie (le cercle nombriliste des festivals français), France Leduc a vu son bébé se retourner contre elle : c'est à quelques jours de l'édition précédente qu'a eu lieu la douloureuse séparation entre la lilloise et ses copains internationaux.


2011 devient donc la première année sans FLP et donc sous les seules commandes de Live Nation. L'occasion pour le Main Square d'intégrer une nouvelle dimension, mais surtout de devenir un vrai festival grâce à un deuxième scène agrandie, utilisée notamment lors de concerts d'Angus Young et Cie. Cerise sur le gâteau (doré) : le soleil nous aura rendu visite lors de nos deux jours de festivités.

Retour sur un week-end transpirant de décibels où nous étions, bizarrement, loin d'être les seuls à avoir eu la curiosité de venir.


Faut dire que 100 000 personnes sur 3 jours, ça fait beaucoup. Financièrement, c'est du bonheur. Mais, concrètement, c'est dur à vivre et on vous cache pas qu'on s'est sentis plusieurs fois sardine dimanche vers 21h30 pour rejoindre la grande scène où se produisait Portishead (frissons).

Une journée record en terme de fréquentation (40 000, qui dit mieux?!) où le Main Square retrouvait ceux qui illuminé l'édition 2009, Coldplay. Fini l'avancée de scène, fini la joie communicative de son leader charismatique, Chris Martin. Les nouveaux Coldplay sont à l'image de leur nouveau single, Every Teardrop Is A Waterfall: monotones, prévisibles et sans prise de risque. On aura eu l'impression de glisser pendant 1h30 sur une coquille d'oeuf, le genre de surface lisse qui n'accroche pas et qui vous laisse glisser et fermer les yeux sans jamais vous réveiller. Il faut dire que le groupe se repose sur ses acquis et sa notoriété, quitte à foutre en l'air l'intro d'In My Place, une honte pour un groupe de ce calibre.


A l'inverse, Puggy est en pleine ascension, un succès mérité autant à l'efficacité des morceaux de leur album, Something You Might Like, qu'à la qualité de leur interprétation sur scène. Le trio, qu'on pourrait qualifier d'européen (un suédois, un français et un anglais expatriés en Belgique une fois), a fait un bon bout de chemin depuis leur showcase au Furet du Nord le 18 sept 2010 et ce sont bien des musiciens et non des simples interprètes que l'on retrouve sur scène ce dimanche. Leur assurance ne fait qu'augmenter la puissance de leur set et l'ambiance devient électrique sur When You Know.

Il faut dire que la Sting Junior, Coco Sumner avait préparé le terrain une heure plus tôt avec son groupe I Blame Coco : c'est en mêlant sincérité et professionnalisme qu'on obtient le meilleur lien avec le public. Si les valeurs sûres n'ont pas déçu (Elbow et Cold War Kids en première ligne), il fallait arriver tôt pour apprécier le son 70's à souhait des étonnants Rival Sons : dopés au Led Zep, la taille de la grande scène n'était pas de trop pour ce futur groupe de stade dont les membres sont nés 30 ans trop tard.


Gardons le meilleur pour la fin, je parle bien évidemment de la journée du samedi dont la programmation rendrait jaloux n'importe quel bon festival d'outre-manche. Réunir Kaiser Chiefs, The National, Kasabian, White Lies et Two Door Cinema Club et Fleet Foxes relève de l'exploit chez les rosbifs quand, ici, cela peut même paraître faible. Cherchez l'erreur.

Se fut donc un marathon musical dont le coup d'envoi fut donné par les infatigables mangeurs de frites de Triggerfinger : toujours plus pros, toujours plus fous, toujours plus efficace.

Avant l'inégale prestation du noir qui veut un dollar, la confirmation de la journée vient de la Green Room où se produisait pour la toute première fois dans notre région (enfin!) les Everything Everything, discrète mais non moins machine à tube anglaise.


Un festival sans choix cruciaux ne serait pas un festival. Les dilemmes provenant d'incohérence dans vos goûts musicaux sont les plus douloureux. Ainsi, c'est la main sur le coeur en chantant God Save The Queen que nous avons rejoint la grande scène pour les performers de Kaiser Chiefs, laissant derrière nous les harmonies des rares Fleet Foxes.

Et quand les horaires opposent The National + Arcade Fire contre les has bene Jimmy Eat World + TDCC, le choix est (très) vite fait. La première salve de nom implore le respect. Que ce soit Matt Berninger ou Win Butler et leurs copains respectifs, l'accueil et l'écoute sont les mêmes.

Les Canadiens de la soirée prouvent qu'ils méritent le place de headliner grâce à un décor, une setlist et une présence frôlant la perfection. Tandis que les vieilles briques des bâtiments de la Citadelle versent une larme, le soleil, bercé par ces enchainements de notes qui viennent caresser l'oreille, se couche, serein.


C'est avec une souplesse sans précédent qu'on fait le grand-écart musical permettant de finir la soirée. Tandis que les Kasabian jouent comme à la maison et gagnent le titre de meilleure ambiance du festival pour sûr, les Shoes rivalisent ouvertement et sans complexe ("va bouffer du quinoa et arrête de nous faire chier", "dégage, arrête de jouer") avec le populaire Moby. Le duo rémois, quatuor sur scène avec l'utile ajout de 2 percussionnistes répondant au nom de Das Galliano, auront marqué les esprits (fatigués) à coup de pépites tudesques. On aurait autant apprécié qu'au Grand Mix un mois plus tôt si la SNCF ne nous avait pas obligé de quitter le site à la moitié du set.

Si le Main Square Festival s'impose aujourd'hui comme un sérieux concurrent des Eurockéennes de Belfort, la différence d'âge se fait pourtant sentir.

Live report : Dour 14&15&16&17/07




Tout bon mélomane qui se respecte, qu'il soit trentenaire averti ou adolescent novice, se souvient forcément du moment où il a appris la venue de Pulp à Dour, 7 ans et 5 jours après leur première et unique venue, où le déchirant Underwear avait été joué pour la toute première fois, alors que les lyrics n'étaient même pas encore terminées, selon les dires de Sir Jarvis Cocker cette fois-ci.
Que ce soit dans son fil d'actualité faceboukien (un certain 21 mars à 21h01, via un statut pour le moins évocateur "COMMON PEOPLE!") ou par un bouche à oreille efficace, la nouvelle a fait l'effet une bombe pour tous les nostalgiques ou frustrés de ne pas avoir connu les grandes heures de la britpop.
Au final, l'heure quinze subtilement axée sur l'album Different Class se sera révélée comme le meilleur concert de l'année pour sûr, notamment grâce à des interprétations fidèles des nombreux tubes de leur répertoire. Un pas dans le passé, l'autre dans le présent et avant tout beaucoup d'émotion, surtout lorsque Jarvis s'empare de sa 12 cordes pour entonner Something Changed qui n'a, pour le coup, pas changé et rien perdu de sa superbe.
Le lighstshow et les décors subliment le spectacle, l'addition des talonnettes et du déhanché du leader donnent des frissons... on ne peut rester insensible à l'énergie des anglais qui ont prouvé, d'un Do You Remember The First Time ? bluffant jusqu'à un Common People dantesque, qu'ils ne sont pas revenus pour se remplir les poches mais bien pour communier avec leur public et rappeler avec majestuosité les règles de la vraie pop music.

Une Last Arena agrandie, de la boue en veux-tu en voilà et des records d'affluence autant sur le camping (35 000 aventuriers, devant Glastonbury) que sur le site (160 000, qui dit mieux?!), voilà ce qui restera dans les grandes lignes de ce Dour 2011.


On aurait pu s'éterniser sur, en vrac, la vulgarité des Cypress Hill, la mauvaise qualité du son dans les 5 chapiteaux, les problèmes d'organisation au Liddle du coin pour le ravitaillement, le joli quiproquo entre les Do et leur public le vendredi sur la Club Circuit Marquee, le parasite que fut le chapiteau dubstepien De Balzaal lors de concerts doux sur la Last Arena, la superficialité des bordelais de Kap Bambino, l'inutilité du set foutraque des Stupeflip, le manque de communication autant entre les membres de Kyuss qu'avec leur public ou même sur le budget pour simplement se nourrir, le manque d'indications, le temps (au rendez-vous un jours sur quatre)...


Mais non, ne retenons que le meilleur, et nous avons en tête d'ailleurs plus de bons que de mauvais souvenirs.
Pour faire court, il y aura eu de belles confirmations, à commencer par les quatre québécois de Duchess Says : soutenue par un trio électro pop décapant basse-clavier-batterie, la belle Annie-Claude passe une bonne partie du set dans la fosse, mélangeant calins et bousculades.

Tim Harrington, leader à bide kronenbourg des Savy Fav, lui, partage la même attitude que notre duchesse mais opte plutôt pour la deuxième activité. Rentre-dedans, le groupe new-yorkais aura aussi marqué les esprits.. et les oreilles. Tout comme les Terror dont le nom se passe de commentaire tellement il reflète parfaitement l'esprit du groupe. Ce fut notre seul et unique passage par la Cannibal Stage, mais on s'en souviendra.

Dans la série "on avait misé dessus et on a bien fait", les australiens de Cloud Control, repérés au Rock dans tous ses Etats et aidés ce samedi par un lâché de ballons spontané du public, les nationaux de Great Mountain Fire ou encore les trois flamands de Sx (à prononcer "sex", et oui) qui nous ont hypnotisé en début d'après-midi le dimanche à coup d'indiepop forte en clavier et sincère.


Quelques bons moments sortent du lot aussi, comme l'assurance des Bewitched Hands, la marre de mains lors des prestations mémorables d'Ice Cube et des mythiques Public Enemy, l'enthousiasme du leader des Das Pop, l'accueil fou réservé aux Foals, le rappel (le seul du festival!) improvisé des triomphales CocoRosie, l'énergie du supergroupe 13&God qui rassemble des membres de The Notwist et de Themselves, le transfert imprévu mais apprécié des I'm From Barcelona sur la Last Arena, le carton plein de l'allemand Boys Noize au Dance Hall la première nuit, les harmonies des Syd Matters, le striptease d'une fan onstage pendant les Vismets...
Mentions spéciales à la Hoegaarden Rosée et au concert final des Bonaparte, à mi chemin entre le concert purement musical et le cabaret, toujours aussi bon.


Dour, c'est fatiguant, il y a clairement à boire et à manger mais Dour rassemble en 4 jours+nuits l'essentiel et le meilleur des groupes tournant sur l'été. Chaque année c'est le même épuisement le lundi matin une fois rentré mais c'est aussi la même satisfaction.
Et cette fois-ci, la satisfaction était encore plus grande que d'habitude.. Rendez-vous les 12, 13, 14 & 15 juillet 2012 pour une 24ème édition qui, on l'espère, sera à la même hauteur !



Live report : le Rock dans tous ses Etats 24&25/06

Nous ne sommes pas du genre à se fier à la première impression et aux apparences mais quand même. Une queue interminable empêchant de voir Dark Dark Dark et Fool's Gold, des vigiles omniprésents et oppressants : voilà les images qu'on garde en tête de notre arrivée au Rock dans Tous ses Etats 2011. L'excuse du rodage nécessaire aux premiers pas d'un festival aurait marché si Evreux n'accueillait pas cette année le festival pour la… 28ème fois.


Nous n'aurons pas non plus vu le prince de la pop francophone Alister dont la prestation ne se résumera qu'à un fond musical plutôt agréable pour planter la tente sur l'hippodrome. Car, il faut l'avouer, la proximité et la cadre verdoyant ne sont pas pour déplaire dans ce festival à taille humaine. Ainsi, c'est dans une ambiance familiale où se mélangent prépubères, mélomanes et même personnes âgées que les concerts se déroulent deux jours durant en alternance entre deux scènes qui se font face.


Au niveau de la programmation, les prises de risques, le point de fort de ce festival normand, dues au défrichage musical (notons quand même le flair des programmateurs par la présence des australiens de Cloud Control) sont compensées par des poids lourds de la scène d'hier (Skunk Anansie, toujours aussi près des étoiles) et d'aujourd'hui (Gaetan Roussel, et ses "clap" à la limite du supportable).

L'éclectisme est aussi une particularité du RDTSE, de l'électro agressif (qui l'est encore plus lorsque qu'il est programmé en début de soirée avec les Atari Teenage Riot le samedi) à la pop lunaire et majestueuse de Dan Bejar et ses Destroyer, en passant par le hip hop ricain des No Surrender ou de Blake Worrel.

En parallèle, la scène locale est loin d'être mise de côté. Locale, peut-être, mais pas bancale : ce week-end aura été l'occasion pour les Concrete Knives de faire de nouveaux adeptes (dont l'infatigable Skin qui aura, au détour d'un tweet, confié avoir flashé sur nos saint-lois préférés) ou pour les Christine, duo surprise du festival qui auront montré, grâce à trois set remarqués, que l'électro est bel et bien une spécialité française.


Et si l'on devait ne retenir que trois prestations sur les deux délicieux jours de concerts, alors notre choix se porterait sur des belges fous, une légende toujours au top et un duo de chez nous.

Tout d'abord, les Experimental Tropic Blues Band qui auront tout donné en ouverture le vendredi : tout en prenant l'autoroute du rockabilly, le trio multiplie les folies comme ce final dantesque, micro dans le caleçon.


La légende répond au nom de Jello Biafra et trente ans après avoir marqué l'histoire du punk avec les Dead Kennedys, il continue de retourner chaque ville où il se produit et se sert de ses titres comme arme de revendication. Au final, une claque puissante de celle qui vous marque pendant plusieurs heures après la fin du spectacle, le tout forcément à des années lumières du politiquement correct.


Enfin, Inspector Cluzo et son blues ravageur from Mont-de-Marsan : injustement boudés par la presse musicale de l'hexagone, c'est en Asie qu'ils continuent de cartonner. Le petit plus de leur prestation à Evreux, au delà de l'ambiance électrique mais bon enfant, aura été la présence de cuivres assurée par leurs "mates".


Si Glastonbury reste da place to be le dernier week-end de juin, le Rock dans Tous ses Etats n'est pas très loin derrière.


mardi 12 juillet 2011

Compilation Tip-Toe #3 : Holika & The Day Life

Que vous preniez le temps de découvrir, voilà le défi -on l'espère- relevé avec les deux premières compilations Tip-Toe.
Ca parait simple sur le papier, et pourtant : à l'heure où quelques clics et commentaires éphémères suffisent à la blogosphère pour s'emballer et créer le buzz autour d'un groupe quelques heures auparavant inconnu, le web 2.0 peut mettre dans la lumière des banlieusards à la vie ennuyeuse comme nourrir de faux espoirs. Au final, les mêmes groupes monopolisent les mêmes magazines se disant "défricheurs" et la notion de découverte n'est paradoxalement pas développée et se perd.

Ce n'est pas pour rien qu'on emploie le verbe "surfer" quand on évoque le monde virtuel. Le choix et la diversité, c'est bien, mais tous les groupes, pourtant placés à la même échelle sur les réseaux sociaux, se valent-ils ?
On ne va pas vous cacher qu'on trouve à boire et à manger quand on s'aventure dans la jungle qu'est Bandcamp après une journée de cours à la recherche de pépites (malheureusement souvent anglophones). Un tri, puis un deuxième, sont clairement indispensables.
Le résultat est, pour la troisième fois consécutive, loin d'être le best-of parfait des sorties récentes mais a pour but de vous proposer une sélection de coups de coeur qui, à nos yeux (et surtout à nos oreilles), devraient atteindre votre sensibilité musicale et sont en mesure de vous toucher, d'une manière ou d'une autre, à un degré plus ou moins fort. On est d'ailleurs toujours curieux de connaitre vos réactions!

Je vous propose ici une courte présentation de deux groupes faisant partie de notre 3ème compilation, tous deux nés l'année dernière. Les plus colorés, les plus "pop", même si cette appellation n'a plus aucune valeur tellement elle résonne de manière différente suivant les goûts de chacun. Mais l'étiquetage est la plus dangereuse des façons de décrire le son d'un groupe puisque les intentions de ce dernier différeront toujours des ressentis du critique.


A ma droite, Holika. Ce trio nous vient de Bournemouth, au sud de l'Angleterre, et propose une folk soignée grâce à la voix à la fois chaude et stellaire de la belle Tori Maries. Leur EP sorti le mois dernier, Desmonstrations, regorge de ballades sans fausse note qui nous embarquent loin des sentiers battus de la folk traditionnelle, en grande partie grâce aux harmoniques impeccables que dégage le guitariste Dorian Meadows.
Des compositions inventives donc, qui s'écoutent sous un ciel étoilé ou à l'aurore, lorsque les lueurs rose-orangées annoncent le lever du soleil. S'ils ne sont pas encore tous les trois sortis de l'université, ils montrent une maturité étonnante qui ne nous fait pas douter une seconde concernant leur avenir musical : ces jeunes anglais ne sont pas des amateurs mais bien des passionnés avant tout, et vous ne pourrez que succomber au charme de Corner Of The Circle, extrait de Demonstrations inclu dans notre 3ème Compilation Tip-Toe.

A ma gauche, The Day Life. Quittons la reine pour aller rendre visite à l'Oncle Sam. Car ces américains valent le détour. Repérés notamment en première partie de Ben Kweller ou encore des Free Energy, l'initiative est d'abord partie de deux amis d'enfance, Alex Markovitz et Jason Oller qui en avaient marre de composer dans leur coin et qui ont eu la brillante idée de mettre leur talent en commun.
Le résultat ne déçoit pas, il étonne même : aidés par le batteur Carl Bahner, ils évoluent avec élégance et classe dans ce qu'ils appellent une "explosion rock intelligente", une pop tantôt déchirante, tantôt entrainante, taillée pour devenir la bande-son d'un film, ou tout du moins d'une vie, d'une journée.. de la vie de tous les jours comme le laisse entendre leur nom.
Originaire de Philadelphie où ils connaissent déjà une belle notoriété, la vague Day Life a déjà atteint la côte est des Etats-Unis, notamment à New-York et Boston. Et si Alex lâche qu'il parle couramment notre langue quand on lui demande s'il détient des liens avec la France, cela ne nous étonne pas : l'irrésistible énergie du trio ne restera par pour longtemps un phénomène américain et la traversée de l'Atlantique est immédiate.
Mais pour commencer, rien de mieux que d'écouter leur Pick Me Up à télécharger gratuitement dans notre compilation!

dimanche 15 mai 2011

Royal Republic @ La Péniche 15/05/2011

Pour la presse généraliste, les Royal Republic sont les nouveaux Hives dopés aux Metallica. Il est vrai, les guitares cinglantes de President's Daughter ou de 21st Century Gentleman montrent qu'il n'y a pas qu'une proximité géographique entre les 2 groupes suédois. Soixantuitards, metalleux, cranes rasés (chauve qui peut!), mères et filles, gamines prépubères.. ils se sont tous réunis à bord de la Péniche. Un public diversifié donc mais qu'importe, ce soir, on a tous 16 ans.

18h30, c'est tôt pour un concert. Mais quand le thermomètre ne dépasse pas les 20 degrès, c'est le meilleur moyen pour se réchauffer. Et ça tombe bien, le quatuor à muscles nous met tout de suite dans le bain avec un enchainement de titres en rafale dont le single accrocheur All Because Of You. Les Royal Republic grimpent alors au sommet d'une montagne d'énergie de laquelle ils ne descendront qu'après un rappel ovationné.
Ils ne nous auront pas laissé pas de répit pendant une heure, montre en main. Il y a l'heure de concert et l'heure de concert : ici, les amplis sont au max, les fûts maltraités et les guitares saignent, tout comme les cordes vocales du charismatique chanteur, Adam Grahn.
Il n'y pas de bouchon sur l'autoroute des Royal Republic, et tant pis si on dépasse les limitations de vitesse (de son?). La machine est en marche, l'alchimie aussi. L'énergie atomisée que dégage le groupe est contagieuse et les premiers rangs n'attendent pas la bombe nommée Tommy Gun pour exploser. Pas besoin de visuel, tout est dans l'énergie et le (gros) son.

Au final, tous les titres de We Are The Royal, le premier effort du groupe, ont une vocation de single interplanétaire pour stades en furie. Les suédois multiplient les choeurs et les 'wohoho' universels. La testostérone est au rendez-vous : le bassiste à la mèche blonde gueule toutes les paroles hors micros tandis que le leader crache ou rote et hurle dans son micro. Le groupe donne et le public rend, que demander de plus ?!
N'oublions pas aussi la touche d'humour, qui fait aussi leur charme, autant en studio que sur scène. Quand ils ne plaisantent pas sur leur (soit-disante) virginité ou sur le public, le boys band from Malmö nous étonne avec des paroles subtilement satiriques, non loin de concurrencer une fois de plus leurs concitoyens Hives.
Professionnalisme, efficacité, humour : voilà les 3 grandes qualités de ce jeune groupe à qui l'avenir sourit. Mieux que du speed, plus efficace que de la vodka pure et pourtant pas nocive : la nouvelle drogue du moment répond au nom de Royal Republic.

Et pourtant, la salle n'était pas très remplie ce soir (la faute à un report trop discret d'une date prévue 2 mois plus tôt?). Morale : qui dit petit public ne dit pas petite ambiance et ne dit pas pas petit concert !

samedi 7 mai 2011

ITW Bonaparte (+ Live report)



On connaissait le personnage Bonaparte et sa Bonaparty sur scène et on était curieux de découvrir l'homme, Tobias Jundt. On ne fut pas déçu. Entretien avec l'un des musiciens les plus créatifs du moment à l'occasion du passage lillois de son cirque musical.

Lille sous la pluie, ça vous inspire ?
C'est un peu comme Berlin en hiver. Je voulais vraiment aller dans le Vieux-Lille parce que, maintenant qu'on tourne en France, j'aimerais visiter aussi les villes où l'on joue. J'étais à Strasbourg hier, et la ville est incroyable, presque "trop" jolie. Pour aujourd'hui, j'avais préparé le plan mais j'ai pas eu le temps : balance, interview.. c'est à cause de vous en fait ! (rires) Du coup je n'ai vu que l'Aéronef : je me suis réveillé dans le bus, j'ai traversé la rue, je suis entré dans la salle pour n'en sortir que vers 1h du matin, après le concert de ce soir.

C'est la fin du mois d'avril, qui a rimé pour vous avec grande tournée. Est-ce que la routine s'est installée ?
Oui, on a fait Allemagne, Autriche, Suisse, Russie, tous des pays où on est hyper connus. Concernant la routine, on la sent par exemple en Russie, où le pays est immense : on prend l'avion tous les jours pour aller d'une ville à une autre et c'est assez bizarre.. le vol, je comprends comment c'est possible mais ça marche et même chose pour les changements d'heure à l'intérieur même du pays (grimace). En Europe, la routine est différente avec le bus parce que tous les jours on voit des paysages et des gens différents, mais le voyage est moins dur. La vie de tournée est très programmée en fait, et ce n'est pas le même rythme que quand je prépare un album parce que quand je suis en studio il n'y a pas de nuit/jour, je suis dedans tout le temps, je me fous du jour de la semaine ou de l'heure qu'il est.

Et avec ce rythmé de tournée, comment gardez-vous la même pêche chaque soir pour vos concerts, qui sont de véritables spectacles ?
On nous pose souvent cette question mais pour moi, il faut de l'énergie pour aller travailler chaque jour dans un bureau mais monter sur scène pour trouver la limite de nos capacités physiques, c'est intéressant. C'est le même principe dans le sport, si je veux gagner mon match, je dois tout donner. Je traverse pas le monde juste pour jouer comme ça (mimiques d'un guitariste dépressif). Non, je joue ce soir, maintenant, donc je donne tout. Et s'il y a un lendemain, et bien je donne encore une fois tout. Et le "tout" change parce que quand on a commencé on jouait une heure et on pensait que c'était le maximum qu'on pouvait faire, et maintenant on arrive à deux. Si aujourd'hui on joue seulement une heure, on se dit qu'il y a un problème. C'est un peu comme la drogue en fait, sauf que là c'est naturel et physique.
La musique est la base de mon existence, c'est ma vie. Mais, quand je pars en tournée, mes amis ne sont pas tous des musiciens donc on fait un show, c'est ce que le public attend aussi. Si on joue pour des aveugles, alors on peut se contenter de ne faire qu'un bon son. Or là on joue pour des gens qui voient, écoutent, bougent, sentent.. c'est "sensuel" en fait.

En live, est-ce qu'on pourrait rapprocher votre univers à celui de The Rocky Horror Picture Show ?
Moi, non. Un jour, une fille est venue chez moi et elle voulait voir ce film. On l'a regardé et ouais, c'est cool, mais ça reste une comédie musicale et on est pas un music-hall. Je vois des fois cette comparaison et il peut y avoir effectivement des parallèles mais ce n'est pas vraiment notre style.

Même au niveau des déguisements ?
A la base, un déguisement, c'est quoi ?! On est tous déguisés en fin de compte. A l'époque où j'ai commencé à Berlin, je suis sortie en tenue baroque pour acheter des croissants et aller au bar. Sur scène on est déguisés, mais au final on est aussi vraiment nus, non seulement physiquement mais aussi parce qu'on a pas peur du ridicule. J'aime pas quand on est réduits à un groupe à déguisements. Mais c'est clair que c'est très important pour moi, quand on se déguise c'est un peu comme le carnaval de Venise.. "je vous vois mais vous ne me voyez pas" (rire démoniaque).

Et pour rentrer dans cet état d'esprit, est-ce qu'il y a une préparation avant de monter sur scène ?
Ouais, on fait un feu dans le backstage, on danse autour et on y jette un sanglier qu'on rôtit et qu'on donne aux clochards. Non, sérieusement, il n'y en a pas vraiment.


A force de tourner, est-ce que vous voyez des différences entre les différents publics suivant les pays ? Est-ce qu'il y en a plus festifs que d'autres ?
Grave. Et là je dois dire que la France, si je fais un classement, est dernière.
En Allemagne, par exemple, même à nos débuts quand on jouait dans des rave à 3h du matin, les gens étaient là et à fond. Aujourd'hui, quand on y joue dans des club de 3000 personnes, c'est le même accueil et c'est fou. On a jamais eu là-bas de sceptiques, de gens qui se disent pendant le concert "ok, on écoute, c'est quoi ça ? Bonaparte mmmm". Non, les gens étaient toujours prêts. En Russie, lors de la première tournée, les gens connaissaient toutes les paroles. Pareil en Roumanie, en Bulgarie.. grâce aux vidéos sur Youtube.
J'adore la France, les gens, la langue, on essaye de jouer le maximum ici et c'est bizarre de voir maintenant des gens qui ne vivent pas à fond le concert. Normalement le groupe et le public font un, mais ici, ça fait deux. Et ça je déteste.. je sais que c'est pas la faute du public, c'est un problème de luxe. A Paris, c'est un peu différent mais hier à Strasbourg, c'était étrange.. les gens étaient froids, même la douche de champagne est mal passée. Et du coup on est sur la réserve.

Et sur scène alors, tout est chronométré ou est-ce qu'il reste une part d'improvisation ?
Au commencement, tout était improvisé, c'était n'importe quoi, le chaos. Maintenant c'est le chaos organisé, c'est plutôt un show. C'est dur pour moi de dire ça parce qu'à la base j'ai un esprit créatif. Quand tu joues tous les soirs, tu n'as pas beaucoup de temps et l'ingé lumières ne peut pas improviser. Mais les réactions du public sont différentes chaque soir.

Le but de Tip-Toe est de dénicher des nouveaux talents. Est-ce que vous pourriez nous citer le noms de groupes que vous avez récemment découverts et que vous aimez ?
Ouais, un groupe de Montpellier, Marvin, une fille avec un synthé. Il faut écouter Siriusmo qui est mon producteur préféré. Il est maintenant sur le label de Modeselektor (Monkeytown Records, ndlr) et il a fait beaucoup de remix pour nous. Housemeister aussi.. c'est des copains en fait à Berlin, avec Boys Noize aussi. A Garorock, j'ai vu Filewile, des suisses, qui ont fait un remix de Bonaparte. Bonaparte aussi, c'est pas mal.. tu connais ?


Le soir, le groupe allemand retourne le Club Aéronef, du sol au plafond. Douches de champagne, de jus de groseille ou de croissants, nonnes alcoolisées, ordinateurs se faisant des fellations.. Bonaparte détourne tous les codes de la société et vient chercher le public, des premiers jusqu'aux derniers rangs. Le fond de la salle, qui aura confirmé la critique que le leader avait faite du public français dans l'après-midi.
Mais qu'importe, devant, on a répondu un grand OUI lorsque le groupe a ouvert avec la chanson Do You Want To Party With The Bonparty ?




Noah & The Whale + Geoff Mendelson @ Aéronef 26/04/2011





Deux concerts (et pas des moindres) étaient proposés en ce mardi soir aux baroudeurs lillois : Noah & The Whale à l'Aéronef et le génie montant de James Blake au Grand Mix. Deux villes, deux univers et surtout deux publics si on se fit à la présence en masse de flamands dans le club de la salle euralilloise.
Vous avez compris, on s'est retournés plusieurs fois le ciboulot avant de faire notre choix et même si l'argument de la proximité a honteusement pesé un poids dans celui-ci, on avait avant tout besoin de pop gentille et apaisante avant l'enchainement fatal de Motorama + Bonaparte des deux soirs suivants.

On sirote notre jus de mange au bar quand Geoff Mendelson, guitare à la main, investit la scène.
Plus qu'un simple songwriter local, ce lillois est un véritable artiste : son talent s'illustre aussi bien sur le plan visuel que musical. Toutes ses productions sont soignées, aussi bien l'album Home Birth réalisé avec son projet expérimental The Elder Threat Block en juin 2009 que le dernier accouchement en date, All Around Someone Else, touchant hommage au mouvement "post-folk" dont il affirme en faire partie.
Cet LP, écoutable sur Bandcamp depuis novembre dernier, mêle élans pop enthousiastes (My Side) et ballades nostalgiques (la fragile mais percutante I Made It All Wrong) et l'artiste prend surtout le risque d'y ajouter les choeurs, violon et clarinette de ses acolytes de The Spasmodic Joy. Le résultat est bluffant, autant accompagné que seul, comme ce soir.
Un silence religieux envahit l'audience et on prête volontiers une oreille, même du côté du bar, au subtil équilibre entre la voix imposante du chanteur et la guitare envoutante du musicien.

Une fois les lumières rallumées, les exclamations de spectateurs surpris de son origine lilloise fusent. Après une ouverture (déjà) remarquée des Wild Beasts il y a un peu plus d'un an dans la même salle, on espère maintenant que le troisième passage à l'Aéronef sera accompagné d'une plus grande médiatisation pour ce jeune lillois discret mais talentueux.


Pas de grande surprise pour la suite de la soirée. Le groupe dont le nom est tiré d'un film de Noah Baumbach a offert une petite heure trente de douceur musicale. Un moment finalement hors espace-temps qui aura permis aux fans et curieux de s'échapper de notre monde instable et craintif pour s'exiler sur une autre planète, découverte en 2008 avec la publication de leur premier album au nom plutôt évocateur, The World Lays Me Down.


Le voyage s'est déroulé sans zone de turbulences à bord d'un aéronef qui ne demandait que ça, et l'atterrissage a été délicieusement orchestré par le Noah & The Whale eux-mêmes avec Blue Skies, deuxième single de The First Days Of Spring (2009), mais surtout ballade rassurante aux choeurs aériens.
Rassurants, c'est une des nombreuses qualités du charismatique Charlie Fink et de son groupe costumé. Leur indie folk est de plus en plus optimiste (le dernier effort ayant un single répondant au nom de L.I.F.E.G.O.E.S.O.N) et contraste ainsi avec la récente vague de groupes défaitistes. Ces londoniens-là, eux, nous enchantent à coups de mélodies jouées au violon ou chantées avec une justesse incomparable.

Les sourires s'affichent clairement sur les visages une fois les lumières rallumées. On voulait rêver et se laisser embarquer, et c'est finalement gagné.






dimanche 17 avril 2011

Les Paradis Artificiels : Tahiti 80 + Cascadeur + The Tellers @ Grand Mix 16/04/2011

Le Grand Mix n'était pas loin d'afficher complet en ce samedi soir et c'était mérité. En effet, ce plateau de mi-festival proposé par les Paradis Artificiels se présentait comme l'un des temps forts de la semaine : une soirée éclectique mais qu'on pourrait résumer en trois lettres : pop. Et cette fois-ci, on est loin du sens péjoratif qu'elles ont tendance à porter.

Quand on arrive, nos pieds collent sur le sol alcoolisé de la salle : des restes du concert surprise des Ghinzu la veille.
Ce soir, la belgique est encore à l'honneur. Les Tellers ont les pieds au pays de la frite mais le coeur de l'autre côté de la Manche. Ce groupe belge a connu de nombreuses zones de turbulences depuis sa création en 2005 mais les cinq membres actuels sont maintenant bien en place et ont sorti l'année dernière Close The Evil Eye, nouvel album qui n'a jamais aussi bien rappelé l'influence de leurs grands frères dénommés Barat et Doherty. La gente féminine est naturellement séduite, la salle se remplit et les premiers rangs, mâles ou femelles, arborent un sourire niais, signe que la joie de vivre de ces charmants belges est contagieuse.

Changement de plateau et changement d'ambiance. De retour après avoir fait chavirer les matelots mélomanes de la Péniche il y a plus d'un an, l'OVNI musical portant le nom de Cascadeur, casqué évidement, était attendu de pied ferme. Coincé entre 2 groupes de pop gentille, il aura réalisé l'exploit d'hypnotiser une grande partie de la salle ce soir en seulement trois quart d'heure.
Après s'être fait caresser les tympans par les pépites vitaminées des Tellers, le public tourquennois se prend ici une flèche en plein coeur. Une flèche musicale puissante, tellement puissante qu'elle a le pouvoir d'instaurer un silence religieux dans la salle.
Les spectateurs ne peuvent voir que la bouche de cet étrange personnage, mais sa musique n'est pas impersonnelle pour autant. A travers des images projetées derrière lui et un lightshow puissant, le français à la voix lunaire nous emmène dans son monde pour un voyage malheureusement éphémère : un Walker magique suivi d'un ByeBye en compagnie de David Bartholomé, fantastique chanteur de Sharko, serviront de clôture pour un atterrissage forcément douloureux.

Il est un peu plus de 22h30 quand Xavier Boyer et ses Tahiti 80 s'emparent de la scène du Grand Mix pour une petite heure qui aura ravi les fans, nombreux ce soir. Un passage remarqué à la FNAC dans l'après-midi nous avait donné envie de les applaudir le soir même.
Ces quatre-plus-un-sur-scène rouennais, rockstars au Japon, essayent toujours de conquérir l'hexagone, avec comme arme leur sixième album, sorti un mois plus tôt.
La fosse est enthousiaste et le groupe montre ainsi une certaine décontraction. Le rappel se fera même à la carte suivant les envies de leurs fans présents ce soir, preuve d'une générosité (trop) rare de nos jours.

jeudi 14 avril 2011

Paradis Artificiels : Oh La La ! @ Péniche 13/04/2011


Il est un bon 20h50 quand Natasha Le Jeune & ses boys d'Oh La La ! s'emparent de la petite scène de la Péniche. L'ex-chanteuse d'AS Dragon fait comme chez elle, mini short en jean et clope au bec. Pas de première partie donc, mais le public de la salle flottante sent qu'il va passer un bon moment.
Il apprécie le début en grande pompe avec le percutant Goodbye Superman suivi de l'enchainement des deux irrésistibles meilleurs titres de l'album (et oui, ici c'est un peu cliché puisque ce sont les deux single radiophoniques), Relax et Un Poing C'est Tout.

A ce moment là de la soirée, le spectateur n'a entendu qu'un petit quart d'heure de live et a un début de filet de bave sur le coin de la bouche rien qu'en pensant à la suite. La bave, pour la fraicheur et l'énergie que dégage le jeune groupe mais aussi inévitablement pour la sensualité de la sauvage chanteuse.
Accompagnée de l'intelligent Benjamin Lebeau (mieux connu comme la moitié des Chaussures françaises montantes), elle affiche une assurance qui n'étonne plus les trentenaires ayant vécu les grandes heures d'AS Dragon. Ceux-ci sont présents en masse ce soir et se décoincent petit à petit.

Il faudra attendre les rappels au compte gouttes au bout de seulement 30 min de set avec un Paris Ne T'Aime Pas convaincant et un deuxième Relax, plus décontracté que le premier, pour que l'ambiance s'installe. La belle Natasha (girl power!) enchaine les gorgées de vodka pure et Benjamin, dont la tête touche le plafond du bateau, se remue dans son petit haut à paillettes. Notre seul véritable regret au final aura été le manque de live, puisque toute la partie basse est pré-enregistrée, trio oblige.

L'équipe de choc quitte pour de bon son terrain de jeu qu'est la scène et le matelot spectateur regarde sa montre. Cinquante petites minutes de musique, certes, mais des bonnes minutes. Peut-être a-t-il oublié que le groupe n'a qu'un album, éponyme et sorti il y a maintenant trois mois.
Qui dit mono-album dit concert éclair. Mais qui dit concert éclair ne dit pas forcément concert annexe, et le groupe parisien nous en a fait une belle démonstration ce soir pour les Paradis Artificiels. Et pour répondre aux grincheux de service, il convient de répondre tout simplement par des paroles du trio parisien : "Relax, on a connu pire".

The Love Mot Nots + Jimi Was Gain @ Boite à Musique Wattrelos 10/04/2011




Amis amateurs de rock'n'roll et de sueur, si vous n'étiez pas rassasiés après le copieux Cool Soul Festival du jeudi à l'Aéronef, la Boite à Musiques, salle bénite par nostalgiques et autres rockeurs à cheveux gras, avait exactement tout ce qu'il vous fallait.
En effet, afin de terminer la semaine en beauté, un concert des Love Me Nots, quatuor américain réputé dans la secte très fermé du garage et auteur de quatre albums remarqués, était proposé dans le cadre d'une tournée française printanière, non pas pour voir du pays et bien manger mais pour défendre leur dernier en date, The Demon & The Devotee.


La première partie nous venait du Pas-de-Calais et a déballé une grosse demi-heure durant un set de rock'n'roll brut, loin des clichés qu'un jeune groupe lensois pourrait apporter. Ces deux-là sont des bons, et officient sous le nom, plutôt évocateur, de Jimi Was Gain. Aurélien Victor Lagache, guitariste duracell (qui contraste avec Romain Barrez, batteur concentré) a en fin de compte oublié ses pédales d'effets au pays des mines et des chicons et cet oubli nous aura permis de juger le son à l'état cru, à la base même de leurs compositions.


La partie "gain" de leur nom a donc été entièrement exploitée ce soir mais leurs titres baissent automatiquement en puissance (dans le sens d'efficacité, car la puissance sonore est déjà forte). Qu'importe, l'énergie est là et le guitariste se donne à 100% en frappant sa tête contre la crash de son ami. Enfin, le chant yogourt ponctué de cris, leur marque de fabrique mais celle aussi de leurs amis du Jimi Ben Band ou des belges d'Experimental Tropic Blues Band, est assez rare pour être signalée.


Le duo d'chez nous ont fait place aux pros : le mi-girls/mi-boys band The Love Me Nots ont offert une belle démonstration de professionnalisme musical avec un set carré sans aucune fausse note malgré quelques larsen gênants de temps à autre.
Les quatre américains ont déballé tous leurs tubes sans exception avec, même durant une tournée marathon, une fraicheur étonnante et une joie de vivre contagieuse.


Sur scène, la non-sans-charme chanteuse (qui revient d'un cancer, respect) Nicole Laurenne, frappe sur son clavier tout en cherchant Michael Johnny Walker qui, en plus de porter un nom de scène qui fait baver n'importe quelle personne normalement constituée, se révèle être un guitariste hors pair. Il n'est pas le seul expert dans le groupe puisque le batteur d'origine est revenu et frappe ses fûts comme s'il jouait sa vie.

La setlist est idéale pour embellir notre fin de week-end et entre deux bombes (répondant aux noms de Make Up Your Mind ou You're Really Something), le groupe déverse des ballades faussement molles pour repartir de plus belle par la suite. Tout est calculé, maitrisé pour provoquer le maximum de frissons rock'n'roll dans la salle injustement peu remplie, et l'intro au clavier sur Karen (Get Yourself Out) fait frémir les premiers rangs. Nicole n'hésite pas à prêter son tambourin chéri le temps d'un You Don't Know a Thing About Me dantesque à une fan devant.


Doux, adorables, attachants, pros... mais avant tout ricains, et le passage post-concert au merchandising fait mal : 15 petits (?) euros pour acquérir une de leurs quatre galettes et 5 euros pour une misérable petite affiche. Le tout avec le sourire de la gentille capitaliste arboré par Nicole accompagnée de sa bassiste, Kyle Rose Stokes. Le stand est alors pris d'assaut par une horde de mâles affamés.
On aura préféré oublier cet étrange moment pour ne retenir que le meilleur : une bonne heure de garage dopé aux claviers doorsiens comme on en entend trop rarement.

PHOTOS : JANICKS

ITW The Jim Jones Revue (+ Live Report)




L'Aéronef, un jeudi après-midi ensoleillé. Le Cool Soul Festival, croisière rock'n'roll itinérante composée de 3 escales en province et une parisienne, vient de jeter l'ancre à la salle lilloise. La crème du rock'n'roll actuel a embarqué dans un périple musical comme on aimerait en voir plus souvent. A la tête du bateau, le groupe londonien The Jim Jones Revue. Entretien avec son leader, Jim Jones et Rupert Orton, guitariste.

Le Cool Soul Festival a déjà retourné Clermont-Ferrand (mardi) et Rouen (hier). Quelle atmosphère règne sur la tournée ?
Jim Jones (chant/guitare) : Incroyable. Tout se passe très bien, chaque groupe regarde les set des autres et si quelqu'un a un problème, il peut compter sur l'aide des autres. Et puis c'est avant tout la pop music, la musique de la passion.
Rupert Orton (guitare) : On était tous amis à la base, notamment avec les BellRays avec qui on a déjà partagé la scène. Donc faire une tournée ensemble, c'est génial.

Vous avez déjà fait plusieurs fois le tour de l'hexagone, autant dans des petites salles que des gros festivals (on se souvient du passage triomphal aux Vieilles Charrues en 2009). Vous avez maintenant un fan club français et les lecteurs de Rock&Folk vous ont élus comme Groupe de l'année 2010. Comment vivez-vous tout ce qui arrive ?
R.O. : C'est dingue, on a même un pianiste français maintenant ! (Henri Herbert, qui remplace l'excellent Elliot Mortimer, qui a préféré se consacrer à sa vie familiale, ndlr) Nous aimons la France et quand j'ai reçu l'email de notre maison de disque concernant le prix des lecteurs de R&F, je me suis demandé si c'était vraiment nous le groupe dont ils parlaient.. c'était fou.

Vous avez dédicacé Princess & The Frog à Sarkozy lors de votre passage à l'Album de la Semaine sur Canal +. Est-ce que les londoniens de JJR ont un avis sur la politique en France ?
R.O. : Non, on ne se positionne pas politiquement parlant. Par contre au niveau culturel, les français sont très vivants et réactifs, c'est fantastique, notamment à Paris. La France nous a accueillis les bras ouverts dès la sortie de notre premier album.
J.J. : Ce que j'aime en France, c'est l'esprit d'indépendance et de rebellion et si la population n'est pas satisfaite, elle n'hésite pas à descendre dans la rue. Et c'est pour ça que le rock'n'roll marche bien ici, c'est en accord total avec l'héritage culturel.
R.O : On encourage vraiment les français à continuer de protester contre les limites qu'on leur impose, c'est ça le rock'n'roll !

Jim Jones

Vous avez sorti l'année dernière votre deuxième album, Burning Your House Down, avec un son plus clair et propre que le précédent. Pourquoi ce choix et comment s'est passé l'enregistrement avec Jim Sclavunos (membre de Nick Cave and The Bad Seeds, Grinderman), qui a produit l'album ?
R.O. : Sur le premier album, on voulait restituer l'énergie live qu'on avait chaque soir, on voulait clairement un son brut. On pouvait pas faire la même chose pour le second donc on voulait jouer un peu avec cette énergie.. "clair" n'est pas le bon terme pour décrire le son qu'on a voulu obtenir, plus sonique. Et Jim Sclavunos fut d'une aide précieuse pour l'enregistrement.

Vous comptez dans vos fans Jon Spencer, Liam Gallagher ou même Jack White qui vous a choisis pour ouvrir un concert des Dead Weather à Londres. Comment ça s'est passé et comment a réagi le public ?
R.O. : C'était génial. L'histoire à la base c'est qu'il nous a contacté pendant qu'on tournait en France. On avait un concert à Strasbourg donc on est partis pour Londres directement après avec le bus et sachant qu'on en avait un prévu au Havre le lendemain, on a pas dormi pendant 3 jours, mais c'était une expérience formidable et tout s'est bien déroulé.

Rupert Orton

Premier CD acheté ?
J.J. : Le premier CD qui m'a marqué était un cadeau de ma mère : Back In Black d'AC/DC. Par contre le premier CD que j'ai acheté moi-même était Raw Power des Stooges.

Vos projets pour l'après Cool Soul Festival ?
R.O. : On tourne en Europe jusqu'aux festivals estivaux, dont quelques uns en France. On apprécie vraiment l'ambiance des festivals français. Si tout se passe bien (il frappe sur la table), le prochain album devrait être prêt pour l'année prochaine, on le commence à la rentrée.


Tête d'affiche d'une belle soirée ouverte notamment par les BellRays avec un set décapant et sans fausse note, les Jim Jones Revue auront rempli le contrat : mettre à genoux une fosse qui ne demandait que ça, à coup de bombes rock'n'roll piochées avec subtilité dans leurs deux albums. La recette n'est pas très originale mais pourtant efficace et c'est une véritable performance que nous livrent les londoniens, qui ont basé leur réputation sur de live sportifs et classes, sans chichis sur le volume.
Une bonne preuve que Neil Young n'avait pas tord : "hey hey my my, rock'n'roll can never die" !


ITW Restavrant (+ Live Report)



Lors de son passage lillois début avril, le Cool Soul Festival nous livrait autant des poids lourds du rock'n'roll d'aujourd'hui que des découvertes inattendues et rafraichissantes. Derrière les écrasants BellRays ou Jim Jones Revue se cachaient donc les texans de Restavrant.
Armés d'une guitare et d'une batterie bricolée (pour mieux percuter), ils foulaient le sol français pour la première fois. Bilan de mi-festival pour ce duo blues pas comme les autres.

Comment se déroule votre première tournée européenne ?
J. State (batterie) : Génial, on passe des moments de dingue. On revient d'Allemagne, d'Italie et de Slovénie et là on a attaqué la France, il nous reste Paris, Marmande..
(Vient alors, sur l'impulsion du groupe, une petite leçon de prononciation à propos du nom de "Lille", qu'ils avaient tendance à prononcer "Li").

Vous venez tout droit du Texas. Voyez-vous une différence entre le public américain et le public français ?
Troy Murrah (chant/guitare) : Non, pas vraiment. On remarque par contre des différences entre les salles du Texas et celles de Californie ou du Michigan, par exemple. C'est aussi peut-être parce qu'on vient du Texas, donc on a nos amis et nos fans là-bas. Mais ce qui est cool ici, c'est que le public européen s'intéresse à ce que tu fais alors qu'aux Etats-Unis les fans te disent "j'aime votre musique", mais ça s'arrête là.

Si vous deviez présenter le son de Restavrant, ça donnerait quoi ?
J.S. : Sur myspace, on dit qu'on fait du "Country/Electrique/Punk".
T.M. : C'est dur de définir sa musique, surtout que c'est mêlé à du blues. Il y a quelques jours, quelqu'un nous a dit que c'était du Jon Spencer Blues Explosion mélangé à du Black Keys.

Vous arrivez d'ailleurs quand les Black Keys s'essoufflent (cf la date annulée ici même, à l'Aéronef, pour cause de "fatigue") et alors que les White Stripes se sont séparés. Pensez-vous qu'il y a une place dans le paysage musical actuel pour les duos guitare/batterie ?
T.M. : Oui, bien sûr. Les Black Keys sont bons, mais leur son est, selon moi, trop droit, carré.. c'est juste du rock'n'blues. Notre idée est de rajouter des claviers, de la "drums machine", techno, pour rendre le tout assez différent de ce qu'on peut trouver ailleurs.
J.S. : Il a étudié dans les arts, et moi dans le cinéma donc on essaye d'introduire un peu de notre vécu, de ce qu'on aime dans notre musique. C'est au final assez étrange, plus créatif je trouve, un peu punk. On travaille en fait comme avec des robots et quand il y en a un qui casse, on en trouve un autre.

Vous avez une page facebook, où vous postez votre vie en tournée avec des photos, des réactions, des anecdotes.. J'imagine que c'est un bon moyen de rester en contact avec vos fans et les gens qui vous suivent ?
J.S. : On publie surement trop par rapport à ce qu'on devrait, mais c'est vrai que ça reste un bon moyen pour communiquer. Le rapport entre les groupes et le public a changé, on a maintenant des discussions de tout et n'importe quoi avec des fans, et c'est plutôt cool.
T.M. : On aime bien publier des photos et voir la réaction des gens.

Le premier CD acheté ?
T.M. : Moi c'était un single 45 tours d'Eye Of The Tiger de la BO de Rocky (il se met à chanter). J'étais pas un grand fan mais je me souviens que ma soeur m'avait dit "quoi? tu aimes ça, toi?" alors qu'elle, elle était fan.
J.S. : Je me souviens plus.. ça doit être le single Microphone Fiend d'Eric B & Rakim, du hip-hop.

Et le premier concert ?
J.S. : Ziggy Marley & The Melody Makers, génial.
T.M. : ZZ Top quand j'avais 8 ans, mon père était fan. J'avais été impressionné à l'époque parce que tout le monde fumait de l'herbe.

Le but du webzine est de faire découvrir des jeunes talents. Pouvez-vous me citez le nom de groupes que vous avez récemment découverts ?
J.S. : Il y en a tellement.. Thee Oh Sees, par exemple. Ou, dans un tout autre registre, Fukkk Offf. Sinon j'aime beaucoup le site rcrdlbl.com, t'y trouves autant des artistes que tu n'as jamais entendu parler que des remix de titres d'artistes connus, le tout en téléchargement gratuit.

L'interview se termine là, mais notre conversation non. On se met alors à parler, dans une décontraction étonnante, de l'apprentissage de l'anglais en France (moi, un accent pourri?!), des clichés sur les texans et on en arrive même à la montée du nationalisme sur notre territoire.


Puis on retrouve les ricains sur scène le soir même. Après le calme, la tempête : tandis que J. State frappe sur sa batterie bricolée (bidon d'essence Renault, plaques d'immatriculations collées..), Troy Murrah chante, gratte et souffle dans son harmonica avec une assurance folle. Incontestablement LA révélation de la soirée et les spectateurs, nombreux, ne vous pourront pas vous dire le contraire.


PHOTOS : ERIC BRIZAUT

samedi 9 avril 2011

Week-end HushPuppies + Concrete Knives // 2 et 3 avril 2011 @ Grand Mix

Avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit rappel des faits s'impose.

12 Février 2011 : les Concrete Knives, quintette flérien en puissance, retournait la Cave aux Poètes lors de la 1ere soirée Tip-Toe en ouverture du duo d'électro parisien Jupiter. Un coup de coeur qui ne nous avait pas déçu.

21 Mars 2011 : alors que la population adolescente se jette (les chiffres nous montreront qu'en fin de compte non) sur Angles des Strokes, attendu depuis déjà 6 ans, les HushPuppies sortent discrètement leur 3ème album après la tournée triomphale du dernier qui s'était finie par 2 mémorables shows (parce qu'avec eux, ce sont plus que de simples concerts) au regretté Elysée Montmartre pour la capitale et au Splendid de Lille pour la province.
Quatre ans plus tard, ils lancent leur nouveau marathon et nous offrent, le temps d'une escapade tourquennoise, deux concerts exeptionnels en (bonne) compagnie des Concrete Knives.
Récit d'un week-end comme on aimerait en vivre plus souvent.

Ca avait mal commencé : à peine sorti du métro, les neurones encore endormis après les difficiles 40 minutes de cohabitation forcée avec de chanteuses du dimanches présentes dans la même rame, on aperçoit au loin des troupeaux de teenagers flânant devant le Grand Mix. Pas de doute, ce soir c'est jupe, mèche et jus de fruits : bienvenue à la 2ème Teenage Party du GM.

Après une heure de tubes radiophoniques sélectionnés par Dj Dleek et un vomi dans le hall (que celui qui a introduit de l'alcool dans le GM se dénonce!), des bruits de jungle s'échappent des enceintes, c'est parti pour trois gros quart d'heure de rafraichissement musical. En effet, il existe 2 types de premières parties pour un concert : celles qu'on a vues et qu'on ne reverra pas et celles qu'on a envie de revoir dès la fin du set. Ces jeunes couteaux concrets font partie de la 2ème catégorie.


Guitare incisive et choeurs entêtants forment une pop colorée et rythmée qui a déjà conquis les publics des Transmusicales, de 2 Flèches d'Or et bientôt du Printemps de Bourges avant la tournée des festivals estivaux cette année. La recette de leur pop explosive est simple : la guitare acérée de Nicolas Delahaye se mêle aux rythmes à la fois tribaux et complexes de Guillaume Aubertin, à la basse groovy de Martin Bonnet et au délicieux synthé d'Adrien Lepretre. Rajoutez le charme de Morgane Coals au chant et la magie opère.

Le Grand Mix n'est qu'au tiers rempli mais les kids n'ont pas attendu les tubesques Brand New Start ou Family Tree pour accompagner les 'nananana' ou autres 'wohohoho' du groupe. Les mains sont en l'air, les converses frappent le sol au rythme de la grosse caisse. Morgane nous gratifie d'une sirène le temps d'un voyage aérien sur le bord gauche de la scène, un petit tour en fosse et les voilà partis. On avait pas vu le temps passé et c'est tant mieux.


Un changement de plateau assez long ? No problem, le bar a tout ce qu'il faut pour passer le temps. Aujourd'hui c'est samedi et qui dit Teenage Party dit jus de fruits. Ou plutôt cockail tagada, et les ados aiment ça.

La salle s'éteint et le long instrumental qui ouvre l'album s'installe. Le ton est donné : les HushPuppies jouent maintenant dans la cour des grands. Le lightshow est soigné (on retrouve un clin d'oeil à la pochette de l'album avec les 2 lumières rouge et bleu croisées) et la setlist rodée. La dernière galette est forcément privilégiée pour le meilleur (Frozen Battle, Twin Sister, Stop ou encore Low Compromise Democracy) et pour le pire (Zero One ou Every Night I Fight Some Giant, sorte de pâle copie de Down Down Down).
Malheureusement, rien est assez bien pour captiver un public de teenagers et la salle se vide au fur et à mesure de set. Malgré tout, un prépubère envahit la scène et s'empare du tambourin d'Olivier Jourdan. Pas de rappel et on les comprend.


Quand on débarque au Grand Mix le lendemain, on regrette les heures de sommeil qui nous manquent.
Mais on retrouve vite le sourire grâce au stand de gnocchis/courgettes/poulet/parmesans installé à l'entrée de la salle. La première bouchée à peine avalée que revoilà les Concrete Knives. Après le level 1 réussi haut la main, le level 2 s'annonçait forcément plus difficile : le spectateur de ce soir (ou de cette fin d'après-midi puisqu'il est 18h30), qu'il soit habitué de la salle ou simple amateur des Hush, est moins naïf qu'un simple teenager.

Mais alors que l'habituelle déprime de fin du week-end planait en fosse au début du set, il n'est plus rien à la fin. La formule magique des nos flériens préférés refait son effet et chaque titre joué prend des airs de tubes. Des applaudissements nourris ne font que renforcer notre opinion de départ : ce groupe va aller (très) loin.. to be continued.
Cerise sur le beau gâteau : le tee-shirt 'I Want My Kate Moss' naturellement porté par Nicolas des CK ou encore l'annonce par ce dernier de la défaite du groupe contre les Hush au foot montre clairement que le lien entre les 2 groupes s'est tissé, chouette.


La suite était impatiemment attendue du côté du public après les deux précédents mémorables concerts des HushPuppies ici à Tourcoing ces dernières années. Celui de ce soir, par la portée moins rock de l'album, ne sera pas le concert de l'année pour plusieurs raisons, de l'enchainement indigeste de titres du dernier album au début du set jusqu'au manque de rappel à la fin, alors que les cinq parisiens était chaleureusement rappelés.



Mais les nostalgiques auront eu l'occasion d'exprimer leur enthousiasme sur les mythiques You're Gonna Say Yeah, Single ou encore Pakt Up Like Sardines In A Crushtin Box du premier LP.

Au final, pendant ce week-end, on se sera pris des claques et des déceptions, on aura vu des ados et des adultes, des robes et des crânes dégarnis, on aura mangé des gnocchis et des sandwichs, on aura bu des bières et des jus de fruits. Ca serait mentir que de dire que la reprise fut facile.


PHOTOS : LAETITIA TASCHATT