dimanche 17 avril 2011

Les Paradis Artificiels : Tahiti 80 + Cascadeur + The Tellers @ Grand Mix 16/04/2011

Le Grand Mix n'était pas loin d'afficher complet en ce samedi soir et c'était mérité. En effet, ce plateau de mi-festival proposé par les Paradis Artificiels se présentait comme l'un des temps forts de la semaine : une soirée éclectique mais qu'on pourrait résumer en trois lettres : pop. Et cette fois-ci, on est loin du sens péjoratif qu'elles ont tendance à porter.

Quand on arrive, nos pieds collent sur le sol alcoolisé de la salle : des restes du concert surprise des Ghinzu la veille.
Ce soir, la belgique est encore à l'honneur. Les Tellers ont les pieds au pays de la frite mais le coeur de l'autre côté de la Manche. Ce groupe belge a connu de nombreuses zones de turbulences depuis sa création en 2005 mais les cinq membres actuels sont maintenant bien en place et ont sorti l'année dernière Close The Evil Eye, nouvel album qui n'a jamais aussi bien rappelé l'influence de leurs grands frères dénommés Barat et Doherty. La gente féminine est naturellement séduite, la salle se remplit et les premiers rangs, mâles ou femelles, arborent un sourire niais, signe que la joie de vivre de ces charmants belges est contagieuse.

Changement de plateau et changement d'ambiance. De retour après avoir fait chavirer les matelots mélomanes de la Péniche il y a plus d'un an, l'OVNI musical portant le nom de Cascadeur, casqué évidement, était attendu de pied ferme. Coincé entre 2 groupes de pop gentille, il aura réalisé l'exploit d'hypnotiser une grande partie de la salle ce soir en seulement trois quart d'heure.
Après s'être fait caresser les tympans par les pépites vitaminées des Tellers, le public tourquennois se prend ici une flèche en plein coeur. Une flèche musicale puissante, tellement puissante qu'elle a le pouvoir d'instaurer un silence religieux dans la salle.
Les spectateurs ne peuvent voir que la bouche de cet étrange personnage, mais sa musique n'est pas impersonnelle pour autant. A travers des images projetées derrière lui et un lightshow puissant, le français à la voix lunaire nous emmène dans son monde pour un voyage malheureusement éphémère : un Walker magique suivi d'un ByeBye en compagnie de David Bartholomé, fantastique chanteur de Sharko, serviront de clôture pour un atterrissage forcément douloureux.

Il est un peu plus de 22h30 quand Xavier Boyer et ses Tahiti 80 s'emparent de la scène du Grand Mix pour une petite heure qui aura ravi les fans, nombreux ce soir. Un passage remarqué à la FNAC dans l'après-midi nous avait donné envie de les applaudir le soir même.
Ces quatre-plus-un-sur-scène rouennais, rockstars au Japon, essayent toujours de conquérir l'hexagone, avec comme arme leur sixième album, sorti un mois plus tôt.
La fosse est enthousiaste et le groupe montre ainsi une certaine décontraction. Le rappel se fera même à la carte suivant les envies de leurs fans présents ce soir, preuve d'une générosité (trop) rare de nos jours.

jeudi 14 avril 2011

Paradis Artificiels : Oh La La ! @ Péniche 13/04/2011


Il est un bon 20h50 quand Natasha Le Jeune & ses boys d'Oh La La ! s'emparent de la petite scène de la Péniche. L'ex-chanteuse d'AS Dragon fait comme chez elle, mini short en jean et clope au bec. Pas de première partie donc, mais le public de la salle flottante sent qu'il va passer un bon moment.
Il apprécie le début en grande pompe avec le percutant Goodbye Superman suivi de l'enchainement des deux irrésistibles meilleurs titres de l'album (et oui, ici c'est un peu cliché puisque ce sont les deux single radiophoniques), Relax et Un Poing C'est Tout.

A ce moment là de la soirée, le spectateur n'a entendu qu'un petit quart d'heure de live et a un début de filet de bave sur le coin de la bouche rien qu'en pensant à la suite. La bave, pour la fraicheur et l'énergie que dégage le jeune groupe mais aussi inévitablement pour la sensualité de la sauvage chanteuse.
Accompagnée de l'intelligent Benjamin Lebeau (mieux connu comme la moitié des Chaussures françaises montantes), elle affiche une assurance qui n'étonne plus les trentenaires ayant vécu les grandes heures d'AS Dragon. Ceux-ci sont présents en masse ce soir et se décoincent petit à petit.

Il faudra attendre les rappels au compte gouttes au bout de seulement 30 min de set avec un Paris Ne T'Aime Pas convaincant et un deuxième Relax, plus décontracté que le premier, pour que l'ambiance s'installe. La belle Natasha (girl power!) enchaine les gorgées de vodka pure et Benjamin, dont la tête touche le plafond du bateau, se remue dans son petit haut à paillettes. Notre seul véritable regret au final aura été le manque de live, puisque toute la partie basse est pré-enregistrée, trio oblige.

L'équipe de choc quitte pour de bon son terrain de jeu qu'est la scène et le matelot spectateur regarde sa montre. Cinquante petites minutes de musique, certes, mais des bonnes minutes. Peut-être a-t-il oublié que le groupe n'a qu'un album, éponyme et sorti il y a maintenant trois mois.
Qui dit mono-album dit concert éclair. Mais qui dit concert éclair ne dit pas forcément concert annexe, et le groupe parisien nous en a fait une belle démonstration ce soir pour les Paradis Artificiels. Et pour répondre aux grincheux de service, il convient de répondre tout simplement par des paroles du trio parisien : "Relax, on a connu pire".

The Love Mot Nots + Jimi Was Gain @ Boite à Musique Wattrelos 10/04/2011




Amis amateurs de rock'n'roll et de sueur, si vous n'étiez pas rassasiés après le copieux Cool Soul Festival du jeudi à l'Aéronef, la Boite à Musiques, salle bénite par nostalgiques et autres rockeurs à cheveux gras, avait exactement tout ce qu'il vous fallait.
En effet, afin de terminer la semaine en beauté, un concert des Love Me Nots, quatuor américain réputé dans la secte très fermé du garage et auteur de quatre albums remarqués, était proposé dans le cadre d'une tournée française printanière, non pas pour voir du pays et bien manger mais pour défendre leur dernier en date, The Demon & The Devotee.


La première partie nous venait du Pas-de-Calais et a déballé une grosse demi-heure durant un set de rock'n'roll brut, loin des clichés qu'un jeune groupe lensois pourrait apporter. Ces deux-là sont des bons, et officient sous le nom, plutôt évocateur, de Jimi Was Gain. Aurélien Victor Lagache, guitariste duracell (qui contraste avec Romain Barrez, batteur concentré) a en fin de compte oublié ses pédales d'effets au pays des mines et des chicons et cet oubli nous aura permis de juger le son à l'état cru, à la base même de leurs compositions.


La partie "gain" de leur nom a donc été entièrement exploitée ce soir mais leurs titres baissent automatiquement en puissance (dans le sens d'efficacité, car la puissance sonore est déjà forte). Qu'importe, l'énergie est là et le guitariste se donne à 100% en frappant sa tête contre la crash de son ami. Enfin, le chant yogourt ponctué de cris, leur marque de fabrique mais celle aussi de leurs amis du Jimi Ben Band ou des belges d'Experimental Tropic Blues Band, est assez rare pour être signalée.


Le duo d'chez nous ont fait place aux pros : le mi-girls/mi-boys band The Love Me Nots ont offert une belle démonstration de professionnalisme musical avec un set carré sans aucune fausse note malgré quelques larsen gênants de temps à autre.
Les quatre américains ont déballé tous leurs tubes sans exception avec, même durant une tournée marathon, une fraicheur étonnante et une joie de vivre contagieuse.


Sur scène, la non-sans-charme chanteuse (qui revient d'un cancer, respect) Nicole Laurenne, frappe sur son clavier tout en cherchant Michael Johnny Walker qui, en plus de porter un nom de scène qui fait baver n'importe quelle personne normalement constituée, se révèle être un guitariste hors pair. Il n'est pas le seul expert dans le groupe puisque le batteur d'origine est revenu et frappe ses fûts comme s'il jouait sa vie.

La setlist est idéale pour embellir notre fin de week-end et entre deux bombes (répondant aux noms de Make Up Your Mind ou You're Really Something), le groupe déverse des ballades faussement molles pour repartir de plus belle par la suite. Tout est calculé, maitrisé pour provoquer le maximum de frissons rock'n'roll dans la salle injustement peu remplie, et l'intro au clavier sur Karen (Get Yourself Out) fait frémir les premiers rangs. Nicole n'hésite pas à prêter son tambourin chéri le temps d'un You Don't Know a Thing About Me dantesque à une fan devant.


Doux, adorables, attachants, pros... mais avant tout ricains, et le passage post-concert au merchandising fait mal : 15 petits (?) euros pour acquérir une de leurs quatre galettes et 5 euros pour une misérable petite affiche. Le tout avec le sourire de la gentille capitaliste arboré par Nicole accompagnée de sa bassiste, Kyle Rose Stokes. Le stand est alors pris d'assaut par une horde de mâles affamés.
On aura préféré oublier cet étrange moment pour ne retenir que le meilleur : une bonne heure de garage dopé aux claviers doorsiens comme on en entend trop rarement.

PHOTOS : JANICKS

ITW The Jim Jones Revue (+ Live Report)




L'Aéronef, un jeudi après-midi ensoleillé. Le Cool Soul Festival, croisière rock'n'roll itinérante composée de 3 escales en province et une parisienne, vient de jeter l'ancre à la salle lilloise. La crème du rock'n'roll actuel a embarqué dans un périple musical comme on aimerait en voir plus souvent. A la tête du bateau, le groupe londonien The Jim Jones Revue. Entretien avec son leader, Jim Jones et Rupert Orton, guitariste.

Le Cool Soul Festival a déjà retourné Clermont-Ferrand (mardi) et Rouen (hier). Quelle atmosphère règne sur la tournée ?
Jim Jones (chant/guitare) : Incroyable. Tout se passe très bien, chaque groupe regarde les set des autres et si quelqu'un a un problème, il peut compter sur l'aide des autres. Et puis c'est avant tout la pop music, la musique de la passion.
Rupert Orton (guitare) : On était tous amis à la base, notamment avec les BellRays avec qui on a déjà partagé la scène. Donc faire une tournée ensemble, c'est génial.

Vous avez déjà fait plusieurs fois le tour de l'hexagone, autant dans des petites salles que des gros festivals (on se souvient du passage triomphal aux Vieilles Charrues en 2009). Vous avez maintenant un fan club français et les lecteurs de Rock&Folk vous ont élus comme Groupe de l'année 2010. Comment vivez-vous tout ce qui arrive ?
R.O. : C'est dingue, on a même un pianiste français maintenant ! (Henri Herbert, qui remplace l'excellent Elliot Mortimer, qui a préféré se consacrer à sa vie familiale, ndlr) Nous aimons la France et quand j'ai reçu l'email de notre maison de disque concernant le prix des lecteurs de R&F, je me suis demandé si c'était vraiment nous le groupe dont ils parlaient.. c'était fou.

Vous avez dédicacé Princess & The Frog à Sarkozy lors de votre passage à l'Album de la Semaine sur Canal +. Est-ce que les londoniens de JJR ont un avis sur la politique en France ?
R.O. : Non, on ne se positionne pas politiquement parlant. Par contre au niveau culturel, les français sont très vivants et réactifs, c'est fantastique, notamment à Paris. La France nous a accueillis les bras ouverts dès la sortie de notre premier album.
J.J. : Ce que j'aime en France, c'est l'esprit d'indépendance et de rebellion et si la population n'est pas satisfaite, elle n'hésite pas à descendre dans la rue. Et c'est pour ça que le rock'n'roll marche bien ici, c'est en accord total avec l'héritage culturel.
R.O : On encourage vraiment les français à continuer de protester contre les limites qu'on leur impose, c'est ça le rock'n'roll !

Jim Jones

Vous avez sorti l'année dernière votre deuxième album, Burning Your House Down, avec un son plus clair et propre que le précédent. Pourquoi ce choix et comment s'est passé l'enregistrement avec Jim Sclavunos (membre de Nick Cave and The Bad Seeds, Grinderman), qui a produit l'album ?
R.O. : Sur le premier album, on voulait restituer l'énergie live qu'on avait chaque soir, on voulait clairement un son brut. On pouvait pas faire la même chose pour le second donc on voulait jouer un peu avec cette énergie.. "clair" n'est pas le bon terme pour décrire le son qu'on a voulu obtenir, plus sonique. Et Jim Sclavunos fut d'une aide précieuse pour l'enregistrement.

Vous comptez dans vos fans Jon Spencer, Liam Gallagher ou même Jack White qui vous a choisis pour ouvrir un concert des Dead Weather à Londres. Comment ça s'est passé et comment a réagi le public ?
R.O. : C'était génial. L'histoire à la base c'est qu'il nous a contacté pendant qu'on tournait en France. On avait un concert à Strasbourg donc on est partis pour Londres directement après avec le bus et sachant qu'on en avait un prévu au Havre le lendemain, on a pas dormi pendant 3 jours, mais c'était une expérience formidable et tout s'est bien déroulé.

Rupert Orton

Premier CD acheté ?
J.J. : Le premier CD qui m'a marqué était un cadeau de ma mère : Back In Black d'AC/DC. Par contre le premier CD que j'ai acheté moi-même était Raw Power des Stooges.

Vos projets pour l'après Cool Soul Festival ?
R.O. : On tourne en Europe jusqu'aux festivals estivaux, dont quelques uns en France. On apprécie vraiment l'ambiance des festivals français. Si tout se passe bien (il frappe sur la table), le prochain album devrait être prêt pour l'année prochaine, on le commence à la rentrée.


Tête d'affiche d'une belle soirée ouverte notamment par les BellRays avec un set décapant et sans fausse note, les Jim Jones Revue auront rempli le contrat : mettre à genoux une fosse qui ne demandait que ça, à coup de bombes rock'n'roll piochées avec subtilité dans leurs deux albums. La recette n'est pas très originale mais pourtant efficace et c'est une véritable performance que nous livrent les londoniens, qui ont basé leur réputation sur de live sportifs et classes, sans chichis sur le volume.
Une bonne preuve que Neil Young n'avait pas tord : "hey hey my my, rock'n'roll can never die" !


ITW Restavrant (+ Live Report)



Lors de son passage lillois début avril, le Cool Soul Festival nous livrait autant des poids lourds du rock'n'roll d'aujourd'hui que des découvertes inattendues et rafraichissantes. Derrière les écrasants BellRays ou Jim Jones Revue se cachaient donc les texans de Restavrant.
Armés d'une guitare et d'une batterie bricolée (pour mieux percuter), ils foulaient le sol français pour la première fois. Bilan de mi-festival pour ce duo blues pas comme les autres.

Comment se déroule votre première tournée européenne ?
J. State (batterie) : Génial, on passe des moments de dingue. On revient d'Allemagne, d'Italie et de Slovénie et là on a attaqué la France, il nous reste Paris, Marmande..
(Vient alors, sur l'impulsion du groupe, une petite leçon de prononciation à propos du nom de "Lille", qu'ils avaient tendance à prononcer "Li").

Vous venez tout droit du Texas. Voyez-vous une différence entre le public américain et le public français ?
Troy Murrah (chant/guitare) : Non, pas vraiment. On remarque par contre des différences entre les salles du Texas et celles de Californie ou du Michigan, par exemple. C'est aussi peut-être parce qu'on vient du Texas, donc on a nos amis et nos fans là-bas. Mais ce qui est cool ici, c'est que le public européen s'intéresse à ce que tu fais alors qu'aux Etats-Unis les fans te disent "j'aime votre musique", mais ça s'arrête là.

Si vous deviez présenter le son de Restavrant, ça donnerait quoi ?
J.S. : Sur myspace, on dit qu'on fait du "Country/Electrique/Punk".
T.M. : C'est dur de définir sa musique, surtout que c'est mêlé à du blues. Il y a quelques jours, quelqu'un nous a dit que c'était du Jon Spencer Blues Explosion mélangé à du Black Keys.

Vous arrivez d'ailleurs quand les Black Keys s'essoufflent (cf la date annulée ici même, à l'Aéronef, pour cause de "fatigue") et alors que les White Stripes se sont séparés. Pensez-vous qu'il y a une place dans le paysage musical actuel pour les duos guitare/batterie ?
T.M. : Oui, bien sûr. Les Black Keys sont bons, mais leur son est, selon moi, trop droit, carré.. c'est juste du rock'n'blues. Notre idée est de rajouter des claviers, de la "drums machine", techno, pour rendre le tout assez différent de ce qu'on peut trouver ailleurs.
J.S. : Il a étudié dans les arts, et moi dans le cinéma donc on essaye d'introduire un peu de notre vécu, de ce qu'on aime dans notre musique. C'est au final assez étrange, plus créatif je trouve, un peu punk. On travaille en fait comme avec des robots et quand il y en a un qui casse, on en trouve un autre.

Vous avez une page facebook, où vous postez votre vie en tournée avec des photos, des réactions, des anecdotes.. J'imagine que c'est un bon moyen de rester en contact avec vos fans et les gens qui vous suivent ?
J.S. : On publie surement trop par rapport à ce qu'on devrait, mais c'est vrai que ça reste un bon moyen pour communiquer. Le rapport entre les groupes et le public a changé, on a maintenant des discussions de tout et n'importe quoi avec des fans, et c'est plutôt cool.
T.M. : On aime bien publier des photos et voir la réaction des gens.

Le premier CD acheté ?
T.M. : Moi c'était un single 45 tours d'Eye Of The Tiger de la BO de Rocky (il se met à chanter). J'étais pas un grand fan mais je me souviens que ma soeur m'avait dit "quoi? tu aimes ça, toi?" alors qu'elle, elle était fan.
J.S. : Je me souviens plus.. ça doit être le single Microphone Fiend d'Eric B & Rakim, du hip-hop.

Et le premier concert ?
J.S. : Ziggy Marley & The Melody Makers, génial.
T.M. : ZZ Top quand j'avais 8 ans, mon père était fan. J'avais été impressionné à l'époque parce que tout le monde fumait de l'herbe.

Le but du webzine est de faire découvrir des jeunes talents. Pouvez-vous me citez le nom de groupes que vous avez récemment découverts ?
J.S. : Il y en a tellement.. Thee Oh Sees, par exemple. Ou, dans un tout autre registre, Fukkk Offf. Sinon j'aime beaucoup le site rcrdlbl.com, t'y trouves autant des artistes que tu n'as jamais entendu parler que des remix de titres d'artistes connus, le tout en téléchargement gratuit.

L'interview se termine là, mais notre conversation non. On se met alors à parler, dans une décontraction étonnante, de l'apprentissage de l'anglais en France (moi, un accent pourri?!), des clichés sur les texans et on en arrive même à la montée du nationalisme sur notre territoire.


Puis on retrouve les ricains sur scène le soir même. Après le calme, la tempête : tandis que J. State frappe sur sa batterie bricolée (bidon d'essence Renault, plaques d'immatriculations collées..), Troy Murrah chante, gratte et souffle dans son harmonica avec une assurance folle. Incontestablement LA révélation de la soirée et les spectateurs, nombreux, ne vous pourront pas vous dire le contraire.


PHOTOS : ERIC BRIZAUT

samedi 9 avril 2011

Week-end HushPuppies + Concrete Knives // 2 et 3 avril 2011 @ Grand Mix

Avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit rappel des faits s'impose.

12 Février 2011 : les Concrete Knives, quintette flérien en puissance, retournait la Cave aux Poètes lors de la 1ere soirée Tip-Toe en ouverture du duo d'électro parisien Jupiter. Un coup de coeur qui ne nous avait pas déçu.

21 Mars 2011 : alors que la population adolescente se jette (les chiffres nous montreront qu'en fin de compte non) sur Angles des Strokes, attendu depuis déjà 6 ans, les HushPuppies sortent discrètement leur 3ème album après la tournée triomphale du dernier qui s'était finie par 2 mémorables shows (parce qu'avec eux, ce sont plus que de simples concerts) au regretté Elysée Montmartre pour la capitale et au Splendid de Lille pour la province.
Quatre ans plus tard, ils lancent leur nouveau marathon et nous offrent, le temps d'une escapade tourquennoise, deux concerts exeptionnels en (bonne) compagnie des Concrete Knives.
Récit d'un week-end comme on aimerait en vivre plus souvent.

Ca avait mal commencé : à peine sorti du métro, les neurones encore endormis après les difficiles 40 minutes de cohabitation forcée avec de chanteuses du dimanches présentes dans la même rame, on aperçoit au loin des troupeaux de teenagers flânant devant le Grand Mix. Pas de doute, ce soir c'est jupe, mèche et jus de fruits : bienvenue à la 2ème Teenage Party du GM.

Après une heure de tubes radiophoniques sélectionnés par Dj Dleek et un vomi dans le hall (que celui qui a introduit de l'alcool dans le GM se dénonce!), des bruits de jungle s'échappent des enceintes, c'est parti pour trois gros quart d'heure de rafraichissement musical. En effet, il existe 2 types de premières parties pour un concert : celles qu'on a vues et qu'on ne reverra pas et celles qu'on a envie de revoir dès la fin du set. Ces jeunes couteaux concrets font partie de la 2ème catégorie.


Guitare incisive et choeurs entêtants forment une pop colorée et rythmée qui a déjà conquis les publics des Transmusicales, de 2 Flèches d'Or et bientôt du Printemps de Bourges avant la tournée des festivals estivaux cette année. La recette de leur pop explosive est simple : la guitare acérée de Nicolas Delahaye se mêle aux rythmes à la fois tribaux et complexes de Guillaume Aubertin, à la basse groovy de Martin Bonnet et au délicieux synthé d'Adrien Lepretre. Rajoutez le charme de Morgane Coals au chant et la magie opère.

Le Grand Mix n'est qu'au tiers rempli mais les kids n'ont pas attendu les tubesques Brand New Start ou Family Tree pour accompagner les 'nananana' ou autres 'wohohoho' du groupe. Les mains sont en l'air, les converses frappent le sol au rythme de la grosse caisse. Morgane nous gratifie d'une sirène le temps d'un voyage aérien sur le bord gauche de la scène, un petit tour en fosse et les voilà partis. On avait pas vu le temps passé et c'est tant mieux.


Un changement de plateau assez long ? No problem, le bar a tout ce qu'il faut pour passer le temps. Aujourd'hui c'est samedi et qui dit Teenage Party dit jus de fruits. Ou plutôt cockail tagada, et les ados aiment ça.

La salle s'éteint et le long instrumental qui ouvre l'album s'installe. Le ton est donné : les HushPuppies jouent maintenant dans la cour des grands. Le lightshow est soigné (on retrouve un clin d'oeil à la pochette de l'album avec les 2 lumières rouge et bleu croisées) et la setlist rodée. La dernière galette est forcément privilégiée pour le meilleur (Frozen Battle, Twin Sister, Stop ou encore Low Compromise Democracy) et pour le pire (Zero One ou Every Night I Fight Some Giant, sorte de pâle copie de Down Down Down).
Malheureusement, rien est assez bien pour captiver un public de teenagers et la salle se vide au fur et à mesure de set. Malgré tout, un prépubère envahit la scène et s'empare du tambourin d'Olivier Jourdan. Pas de rappel et on les comprend.


Quand on débarque au Grand Mix le lendemain, on regrette les heures de sommeil qui nous manquent.
Mais on retrouve vite le sourire grâce au stand de gnocchis/courgettes/poulet/parmesans installé à l'entrée de la salle. La première bouchée à peine avalée que revoilà les Concrete Knives. Après le level 1 réussi haut la main, le level 2 s'annonçait forcément plus difficile : le spectateur de ce soir (ou de cette fin d'après-midi puisqu'il est 18h30), qu'il soit habitué de la salle ou simple amateur des Hush, est moins naïf qu'un simple teenager.

Mais alors que l'habituelle déprime de fin du week-end planait en fosse au début du set, il n'est plus rien à la fin. La formule magique des nos flériens préférés refait son effet et chaque titre joué prend des airs de tubes. Des applaudissements nourris ne font que renforcer notre opinion de départ : ce groupe va aller (très) loin.. to be continued.
Cerise sur le beau gâteau : le tee-shirt 'I Want My Kate Moss' naturellement porté par Nicolas des CK ou encore l'annonce par ce dernier de la défaite du groupe contre les Hush au foot montre clairement que le lien entre les 2 groupes s'est tissé, chouette.


La suite était impatiemment attendue du côté du public après les deux précédents mémorables concerts des HushPuppies ici à Tourcoing ces dernières années. Celui de ce soir, par la portée moins rock de l'album, ne sera pas le concert de l'année pour plusieurs raisons, de l'enchainement indigeste de titres du dernier album au début du set jusqu'au manque de rappel à la fin, alors que les cinq parisiens était chaleureusement rappelés.



Mais les nostalgiques auront eu l'occasion d'exprimer leur enthousiasme sur les mythiques You're Gonna Say Yeah, Single ou encore Pakt Up Like Sardines In A Crushtin Box du premier LP.

Au final, pendant ce week-end, on se sera pris des claques et des déceptions, on aura vu des ados et des adultes, des robes et des crânes dégarnis, on aura mangé des gnocchis et des sandwichs, on aura bu des bières et des jus de fruits. Ca serait mentir que de dire que la reprise fut facile.


PHOTOS : LAETITIA TASCHATT