samedi 7 mai 2011

ITW Bonaparte (+ Live report)



On connaissait le personnage Bonaparte et sa Bonaparty sur scène et on était curieux de découvrir l'homme, Tobias Jundt. On ne fut pas déçu. Entretien avec l'un des musiciens les plus créatifs du moment à l'occasion du passage lillois de son cirque musical.

Lille sous la pluie, ça vous inspire ?
C'est un peu comme Berlin en hiver. Je voulais vraiment aller dans le Vieux-Lille parce que, maintenant qu'on tourne en France, j'aimerais visiter aussi les villes où l'on joue. J'étais à Strasbourg hier, et la ville est incroyable, presque "trop" jolie. Pour aujourd'hui, j'avais préparé le plan mais j'ai pas eu le temps : balance, interview.. c'est à cause de vous en fait ! (rires) Du coup je n'ai vu que l'Aéronef : je me suis réveillé dans le bus, j'ai traversé la rue, je suis entré dans la salle pour n'en sortir que vers 1h du matin, après le concert de ce soir.

C'est la fin du mois d'avril, qui a rimé pour vous avec grande tournée. Est-ce que la routine s'est installée ?
Oui, on a fait Allemagne, Autriche, Suisse, Russie, tous des pays où on est hyper connus. Concernant la routine, on la sent par exemple en Russie, où le pays est immense : on prend l'avion tous les jours pour aller d'une ville à une autre et c'est assez bizarre.. le vol, je comprends comment c'est possible mais ça marche et même chose pour les changements d'heure à l'intérieur même du pays (grimace). En Europe, la routine est différente avec le bus parce que tous les jours on voit des paysages et des gens différents, mais le voyage est moins dur. La vie de tournée est très programmée en fait, et ce n'est pas le même rythme que quand je prépare un album parce que quand je suis en studio il n'y a pas de nuit/jour, je suis dedans tout le temps, je me fous du jour de la semaine ou de l'heure qu'il est.

Et avec ce rythmé de tournée, comment gardez-vous la même pêche chaque soir pour vos concerts, qui sont de véritables spectacles ?
On nous pose souvent cette question mais pour moi, il faut de l'énergie pour aller travailler chaque jour dans un bureau mais monter sur scène pour trouver la limite de nos capacités physiques, c'est intéressant. C'est le même principe dans le sport, si je veux gagner mon match, je dois tout donner. Je traverse pas le monde juste pour jouer comme ça (mimiques d'un guitariste dépressif). Non, je joue ce soir, maintenant, donc je donne tout. Et s'il y a un lendemain, et bien je donne encore une fois tout. Et le "tout" change parce que quand on a commencé on jouait une heure et on pensait que c'était le maximum qu'on pouvait faire, et maintenant on arrive à deux. Si aujourd'hui on joue seulement une heure, on se dit qu'il y a un problème. C'est un peu comme la drogue en fait, sauf que là c'est naturel et physique.
La musique est la base de mon existence, c'est ma vie. Mais, quand je pars en tournée, mes amis ne sont pas tous des musiciens donc on fait un show, c'est ce que le public attend aussi. Si on joue pour des aveugles, alors on peut se contenter de ne faire qu'un bon son. Or là on joue pour des gens qui voient, écoutent, bougent, sentent.. c'est "sensuel" en fait.

En live, est-ce qu'on pourrait rapprocher votre univers à celui de The Rocky Horror Picture Show ?
Moi, non. Un jour, une fille est venue chez moi et elle voulait voir ce film. On l'a regardé et ouais, c'est cool, mais ça reste une comédie musicale et on est pas un music-hall. Je vois des fois cette comparaison et il peut y avoir effectivement des parallèles mais ce n'est pas vraiment notre style.

Même au niveau des déguisements ?
A la base, un déguisement, c'est quoi ?! On est tous déguisés en fin de compte. A l'époque où j'ai commencé à Berlin, je suis sortie en tenue baroque pour acheter des croissants et aller au bar. Sur scène on est déguisés, mais au final on est aussi vraiment nus, non seulement physiquement mais aussi parce qu'on a pas peur du ridicule. J'aime pas quand on est réduits à un groupe à déguisements. Mais c'est clair que c'est très important pour moi, quand on se déguise c'est un peu comme le carnaval de Venise.. "je vous vois mais vous ne me voyez pas" (rire démoniaque).

Et pour rentrer dans cet état d'esprit, est-ce qu'il y a une préparation avant de monter sur scène ?
Ouais, on fait un feu dans le backstage, on danse autour et on y jette un sanglier qu'on rôtit et qu'on donne aux clochards. Non, sérieusement, il n'y en a pas vraiment.


A force de tourner, est-ce que vous voyez des différences entre les différents publics suivant les pays ? Est-ce qu'il y en a plus festifs que d'autres ?
Grave. Et là je dois dire que la France, si je fais un classement, est dernière.
En Allemagne, par exemple, même à nos débuts quand on jouait dans des rave à 3h du matin, les gens étaient là et à fond. Aujourd'hui, quand on y joue dans des club de 3000 personnes, c'est le même accueil et c'est fou. On a jamais eu là-bas de sceptiques, de gens qui se disent pendant le concert "ok, on écoute, c'est quoi ça ? Bonaparte mmmm". Non, les gens étaient toujours prêts. En Russie, lors de la première tournée, les gens connaissaient toutes les paroles. Pareil en Roumanie, en Bulgarie.. grâce aux vidéos sur Youtube.
J'adore la France, les gens, la langue, on essaye de jouer le maximum ici et c'est bizarre de voir maintenant des gens qui ne vivent pas à fond le concert. Normalement le groupe et le public font un, mais ici, ça fait deux. Et ça je déteste.. je sais que c'est pas la faute du public, c'est un problème de luxe. A Paris, c'est un peu différent mais hier à Strasbourg, c'était étrange.. les gens étaient froids, même la douche de champagne est mal passée. Et du coup on est sur la réserve.

Et sur scène alors, tout est chronométré ou est-ce qu'il reste une part d'improvisation ?
Au commencement, tout était improvisé, c'était n'importe quoi, le chaos. Maintenant c'est le chaos organisé, c'est plutôt un show. C'est dur pour moi de dire ça parce qu'à la base j'ai un esprit créatif. Quand tu joues tous les soirs, tu n'as pas beaucoup de temps et l'ingé lumières ne peut pas improviser. Mais les réactions du public sont différentes chaque soir.

Le but de Tip-Toe est de dénicher des nouveaux talents. Est-ce que vous pourriez nous citer le noms de groupes que vous avez récemment découverts et que vous aimez ?
Ouais, un groupe de Montpellier, Marvin, une fille avec un synthé. Il faut écouter Siriusmo qui est mon producteur préféré. Il est maintenant sur le label de Modeselektor (Monkeytown Records, ndlr) et il a fait beaucoup de remix pour nous. Housemeister aussi.. c'est des copains en fait à Berlin, avec Boys Noize aussi. A Garorock, j'ai vu Filewile, des suisses, qui ont fait un remix de Bonaparte. Bonaparte aussi, c'est pas mal.. tu connais ?


Le soir, le groupe allemand retourne le Club Aéronef, du sol au plafond. Douches de champagne, de jus de groseille ou de croissants, nonnes alcoolisées, ordinateurs se faisant des fellations.. Bonaparte détourne tous les codes de la société et vient chercher le public, des premiers jusqu'aux derniers rangs. Le fond de la salle, qui aura confirmé la critique que le leader avait faite du public français dans l'après-midi.
Mais qu'importe, devant, on a répondu un grand OUI lorsque le groupe a ouvert avec la chanson Do You Want To Party With The Bonparty ?




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