samedi 27 novembre 2010

Tour de Chauffe : The BellRays + Shiko Shiko + Hub @ Ferme d'en Haut 18/11/2010




Depuis 2005, Tour de chauffe a accompagné presque une centaine d'artistes, offrant à chacun diagnostic scénique et enregistrements professionnel. Un dispositif qui aura permis de révéler des groupes comme Roken is Dodelijk et Sexual Earthquake In Kobe.
Cette année, le festival joue la carte de l'originalité et mélange les styles musicaux. Ainsi, on peut retrouver du garage rock marié avec de la folk ou, comme ce soir, du noise rock cohabitant avec du blues rock. Il n'est pas question ici de savoir si on y perd ou gagne au change mais justement de jouer avec la curiosité du spectateur (qui est de moins en moins utilisée de nos jours..).

Ce soir, c'est donc au tour d'Hub et Shiko Shiko de venir présenter leur travail. Ils sont soutenus, comme à chaque soirée Tour de chauffe, d'une tête d'affiche: The BellRays.



Le concert s'ouvre sur Hub. Avec ses airs de rappeur, le jeune homme livre une performance accompagnée d'un VJ Set aux images bien pensées, parfois violentes mais toujours intéressantes. le public se tient loin de la scène et cela retranscrit bien l'ambiance: froide. Le son est en adéquation avec les images. Dommage.



Puis Shiko Shiko monte sur scène. Vus il y a un an, les quatre garçons produisent une musique dont on n'osera pas la description. Leur show aux auditions du printemps de Bourges s'était avéré peu convaincant, même si on avait remarqué leur capacité à mettre l'ambiance. On peut vous assurer que, cette fois, c'était bluffant.



Une prestation à en couper le souffle, bien carrée et riche musicalement. Ainsi que la présence de nouvelles chansons plus accessibles et qu'un VJ Set excellemment moderne. Une bien bonne surprise. Un groupe à suivre.



Puis, sur les coups de 23h, la diva Lisa Kekaula prend d'assaut la petite scène de la Ferme d'en Haut avec ses 3 guys en pleine forme. En ce début de tournée marathon (14 concerts en 2 semaines), ils vont nous offrir 1h15 de rock'n'roll intense, rappel compris.



Dans une salle aux deux tiers remplie, le public, fans des débuts ou simples curieux, n'aura pu résisté à l'avalanche de pépites mi-punk mi-blues déversée par le groupe. Les guitares accrocheuses de Bob et la voix soul d'une Lisa rayonnante se marient à merveille et sont soutenues par un tandem rythmique basse/batterie à la fois fou et carré.



Les BellRays ne donnent pas ici un concert promotionnel mais revisitent avec justesse l'ensemble de leur discographie, de The Red, White & Black (l'ouverture avec You're Sorry Now ou l'irrésistible Sister Disaster) à Hard, Sweet & Sticky (That’s Not the Way It Should Be, le tubesque One Big Party..) sans favoritisme pour le dernier album, sorti 3 jours avant. Dernier dont est tiré Anymore, ballade rock déchirante dont la magie s'amplifie et se multiplie en live jusqu'à en donner des frissons. De bons frissons.



On approche déjà les 00h20 quand le groupe nous laisse et le concert, jusque là sans réelle surprise, va prendre un autre tournant. Alors que les lumières salle se rallument après avoir fait espérer le public, la salle se vide. A ce moment précis, quand il ne reste plus qu'une vingtaine de personnes en train de refaire le concert ou essayant de le digérer correctement, un technicien sort de scène en courant et gueule un inespéré 'ILS REVIENNENT!'.

Le message se diffuse à une vitesse folle dans toute la Ferme d'en Haut et le 2e rappel improvisé remet une louche et rassasie pour de bon les chanceux présents en ce jeudi soir glacial.



00h30, c'est fini pour de bon : on retrouve alors, à peine sortis de scène, le couple actuel le plus rock'n'roll, Bob & Lisa, au stand merchandising. Encore une fois : MERCI !

samedi 13 novembre 2010

The Lanskies @ La Péniche 12/11/2010


Ce soir à la Péniche, on est un peu gonflé de programmer les Lanskies le lendemain du 11 Novembre quand leur 1er album, sorti en mai dernier, se nomme 'Bank Holiday'. Enfin...


The Lanskies donc. Alors que la scène française actuelle se convertit aux synthés (Anoraak pour n'en citez qu'un) ou à la folk gentillette et commerciale (Cocoon), nos normands de The Lanskies protègent un style musical en voie de disparition, le rock adolescent et efficace, avec une fraicheur incomparable. La même fraicheur ressentie à la sortie en 2005 de The Trap, la première bombe des Hush Puppies.
Mais la comparaison avec nos 'i want my kate moss' préférés est aussi déplacée qu'un parallèle avec les hymnes accrocheurs des Kaiser Chiefs ou l'efficacité du Bloc Party des débuts.


Car si l'on croit qu'il est facile de chroniquer les Lanskies et qu'ils ne sont qu'un groupe de rock comme un autre, c'est faux. Leur musique est un véritable cocktail énergétique ou, si vous préférez, une salade aux ingrédients multiples, de la batterie groovy au chant très british (le leader, Lewis Evans, est d'origine liverpooloise, d'où l'accent).

Si la basse nous renvoie au meilleur de la new-wave, eux considèrent leur style comme de la "hot-wave". Tout un programme. Et si l'on continuait avec les références faciles, le groupe serait alors composé d'un bassiste à la Gossip, d'un chanteur très Kaiser Chiefiens, d'un batteur... en marcel (et c'est déjà bien!) et de 2 guitaristes concentrés tout droit sortis d'un groupe de rock français. 2 gratteux ayant, au passage, la même gratte. Strange.


C'est devant une péniche au 1/3 rempli (ou au 2/3 vide, ça marche dans les 2 sens) que le quintet saint-lois (from Saint-Lô) débarque un peu avant 21h.
Qui dit presque vide dit presque mort ? Que nenni ! Les fans et les curieux en forme auront tapé du pied et bougé du popotin pendant une bonne heure.

Un live détonnant servi par un groupe connaissant la promiscuité sur la petite scène du bateau musical lillois. Le chanteur, s'essayant tantôt aux expressions maniérées, tantôt aux danses robotiques arrive à chauffer une salle presque vide grâce, notamment, à une histoire un peu farfelue.
Celle de la malédiction d'un troll acheté à une station essence : il serait la cause d'une extinction de voix du chanteur depuis la Boule Noire à Paris. S'apercevant de ce sort maléfique, ce dernier le jeta dans les toilettes avant le set lillois (ses clopes tombant avec) et depuis... plus rien.


Mais c'est surtout la simplicité du groupe qui nous frappe. Après avoir tout donné en venant dans le (petit, encore une fois, mais chaud chaud chaud!) public pour le gros single Bank Holiday, c'est une fois les lumières rallumées que la salle en demande encore. Le groupe revient alors, pour un 2e Bank Holiday improvisé mais encore plus jouissif que le premier.


On repartira l'album à la main parce que ça devient de plus en plus rare des vrais bons groupes de rock français sans prise de tête.

http://www.myspace.com/thelanskies

[ PHOTOS : DOROTHÉE CARATINI ]

Turner Cody + Faustine Hollander @ Péniche 11/10/2010


Et alors qu'il y a 92 ans jour pour jour, le 11 Novembre rimait avec gros enjeu, ici, rien de tout ça.
A la Péniche ce soir, ce n'est pas LA découverte hype ou LE retour attendu d'un groupe mais une simple soirée folk sans prise de tête. L'idéal contre la morosité ambiante et contre la pluie.
Une sorte d'ambiance feu de bois sur l'eau (et avec le bruit de la pluie), à l'image du public assis en tailleur dans cette péniche presque complète, tels des enfants bercés par une veillée scout.

C'est donc dans un cadre plutôt intimiste que Turner Cody, figure emblématique de la folk new-yorkaise de ces dix dernière années, passe par Lille au lendemain d'un échec marseillais. Un échec puisqu'il avouera lui-même, entre 2 superbes ballades folk-dylaniennes dont il a le secret, que "personne ne voulait voir Turner Cody" alors qu'il devait jouer à L'intermédiaire.
Se retrouvant alors seul dans Marseille, il décida de visiter les églises du coin et c'est en relatant cette anecdote qu'il s'est imaginé un monde où l'on pourrait transposer le beau temps du sud à Lille, le gentil public lillois dans le sud... et les églises marseillaises dans New-York.


La Péniche voulait faire dans la cohérence musicale ce soir, et ce fut réussi en choisissant Faustine Hollander comme première partie. Accompagnée d'un guitariste tout aussi gentil qu'elle, cette jeune belge timide joue dans la récitation scolaire.
Résultat : une longue demi-heure d'arpèges folkchiants divisant la salle entre le devant somnolant et le derrière bruyant au bar. Seul le dernier titre, plus énergique et avec des accords enfin frappés, nous fit taper du pied et nous aura laissé sur une plus ou moins bonne impression.


Digne héritier du copain Bob Dylan (paix à son âm..ah merde, il est pas encore mort. Enfin, c'est comme si..!), Turner Cody impressionne par son charme et sa présence, moustache, cheveux longs et chapeau inclus.
Un set épuré, du plateau (une housse de guitare et un pied de micro) au style (folk subtilement arpégée avec des paroles kitsch et adolescentes). Mais aussi un état de santé épuré puisqu'il paraissait fatigué.

Sinon, l'ensemble se rapprocherait d'un Adam Green calmé ou d'un Dylan jeune avec des mimiques d'un ado se touchant pour la première fois qui révèlent une grande concentration. Mais il gardera un bon contact avec les matelots de la Péniche en s'intéressant au lieu ou en s'amusant à faire croire qu'il aurait écrit une chanson lors de son dernier passage lillois, au Drugstore.


Il est plus de 22h30 quand la soirée se finit. Nous sommes alors tous prêts et prêtes à fermer les yeux après cette douce soirée avec laquelle on aura presque atteint l'overdose. Mais on remercie quand même la Péniche parce que c'est bon aussi des cures de folk, de temps en temps.

jeudi 11 novembre 2010

Izïa + Jeff Lang @ Aéronef 8/11/10

Quand le pourtant respectable Jacques joue pour des salles de vieux riches (en mai dernier au Casino Barrière) et quand Arthur peine à ressusciter pour de bon, la fougueuse Izïa Higelin profite pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière de la "nouvelle scène française".


Découverte il y a 1 an et demi dans la prog' de la Garden Nef Party d'Angoulême après s'être retrouvée à 16 ans en 1ere partie d'Iggy et ses fuckin' Stooges, cette jeune rockeuse n'est pas seulement "fille de" mais une artiste (et une voix) à part entière, récompensée à deux reprises aux dernière Victoires de la Musique.


C'est à 20h30 en ce lundi tristement pluvieux que les choses sérieuses ont commencé. Son nom ? Jeff Lang. Soutenu sur scène par un bassiste au look so british, ce virtuose de la guitare aura déversé durant 40min sa country teinté de blues avec une technique et une assurance remarquables.


Et même s'il auraient pu se passer de son ingé son sourd, on ne peut rester insensible à l'avalanche de notes conduite par un doigté impressionnant. Le public adhère et sera assommé par un I Want To Believe monstrueux en guise de final, notre ami Jeff allant même jusqu'à chanter avec sa voix de Texan dans le micro de sa guitare ou glisser des paroles d'AC/DC. Magique, voir envoutant quand sa slide guitar se met à dégager des sonorités indiennes.


A peine le temps de finir sa bière que les lumières salle s'éteignent : c'est parti pour 2h non stop comprenant 2 rappels, soit 2 fois + de plaisir dans un aéro à 3/4 plein qui repartira à 100% satisfait. Tout le monde aura été servi : les familles fans de Petit Bateau avec l'agaçant mais triomphal Let Me Alone, les fans avec les guitares toujours aussi rugissantes de Sebastien Hoog mais aussi les curieux avec la présence de 4/5 nouvelles chansons -dont la saisissante Don't You Know- au goût plus pop rock que les anciennes.

Seront aussi servis les voyeurs avec 2h de dandinement irrésistiblement sexy, ponctué par des pics de lachers d'hormones lorsque la sauvage Izïa (pantalon moulant en cuir, talons de 10cm et haut transparent) incite à "bouger son body et son boul" sur Disco Ball.


Et si on l'avait trouvée un poil timide lors de son passage en oct 2009 pour Ground Zero au Splendid, la jeune Izïa, tout juste 20 ans, a muri et sait maintenant quoi dire à ces foutus pervers quand ceux-ci gueulent le traditionnel "à poil" avec des réponses à base de "toi, tu... tu me casses les couilles !", avant de s'inventer un monde où on s'exciterait en regardant l'autre en pull.
Et c'est ça qu'on aime chez elle : chaque soir, elle garde la même fraicheur, le même caractère naturel et spontané, qui laissera une osmose totale entre public ("dis donc, à Lille on est motivés" dès le 2e titre) et groupe.


On pourrait critiquer la mise en scène carrée de ce qui devient un spectacle (de la destruction de la batterie jusqu'aux lancers de micro) mais il n'y a pas de doute : ce soir, il se passe quelque chose. Un quelque chose sous forme de dialogue avec la salle à propos d'un certain Jean-Mich' qui retardera le début de son titre solo Life Is Going Down.
Ce quelque chose qui l'aura poussée à rallonger sa setlist d'une reprise mémorable de Rollin' On The River de Tina Turner et d'un Hey Bitch percutant.
Ce quelque chose qui aura aussi provoqué le malaise d'une spectatrice une fois les lumières rallumées.

Ce quelque chose, cet ouragan nommé Izïa, saura-t-il survivre à l'étape difficile du 2e album ? Après un concert pareil, on ne peut qu'avoir confiance en l'avenir et en ce fameux 'rock'n'roll' qu'elle chérit tant.